De son côté, Adrien Franssen fabriqua à Liège, el présenta à l’essai,
le 2 6 juin 1 6 0 9 :
1° Des doubles patards, comme ci-dessus;
2° Des patards, comme ci-dessus;
3° Des pièces d’un demi-réal ’, à 5 deniers 8 grains de fin et de 8 0 au
marc de Cologne 3.
Avant de présider au monnayage de l’argent, Adrien Franssen avait forgé
des monnaies de cuivre. C’est de lui évidemment qu’il s’agit dans une ordonnance
du conseil privé du 2 janvier 1 6 0 6 , où le nouveau monnayeur est
chargé de frapper des quarts de palard (quadranles slu fe ri), dits aidants,
pour une somme de 2 ,0 0 0 florins Brabant, et des gigors ou demi-aidants
de 1 2 sols, pour 1 ,0 0 0 florins. Les aidants devaient être taillés de 5 8 pièces
et les gigots de 1 1 6 au marc, mais, par délibération du 1er avril, ces chiffres
furent réduits à 5 4 et à 1 0 8 . Le mandement du 1 6 avril qui donna cours
à ces monnaies, nous apprend qu’elles étaient forgées à Liège, à l’elïigie et
aux armes de l’évêque 3.
Celte fabrication se poursuivit, avec de nouveaux octrois et quelques interruptions,
jusqu’à la fin du règne d’Ernest de Bavière. A partir de 1 6 0 7 ,
Franssen est nominativement désigné comme en ayant la direction; mais
en 1 6 1 0 , il fut poursuivi pour abus commis dans son office et se vit frappé
d’interdiction. Le conseil privé, dans la séance du 1 9 août où il donna
l’ordre de lui notifier celte peine, le remplaça provisoirement par Paul Man-
lich, qui prêta serment le 2 6 du même mois. Une décision de la chambre
des comptes du 1 6 décembre 1 6 1 1 , autorisant ce dernier à continuer de
« forger et battre du métal » pour une somme de 2 ,0 0 0 florins Brabanlj
parle de sa commission du 11 août précédent comme étant définitive. Quant
du côté de l’aigle, la légende : Epus leodien cames lossen. (Conseil privé, Protocole, reg. 95,
fol. 63.)
t Le recez du cercle évaluait ce demi-réal à 4 albus de Cologne. (W olter s, Thorn, 66.)
On l’assimilait à une pièce de 3 patards, ou, ce qui revient au même, à un demi-Bavière.
(Pièces just. de 1622 et de 1631, n°> XXXV et XXXVIII.) 7
2 Pièces justificatives, n° XXVII. L’éwarden assumé était l’orfèvre du chapitre, Adrien
des Ubantinnes, qui comparaît encore à un essai de 1611.
■ 3 Ibid., n» XXV.
à Franssen, il fut arrêté, puis relâché et de nouveau incarcéré au mois de
février 1 6 1 1 '.
Eu même temps que Franssen, c’est-à-dire le 1er avril 1 6 0 6 , le monnayeur
du comté de Looz (à Maeseyck) fut autorisé à forger des liards et
des gigots, sous obligation de les marquer d’un signe particulier, propre à
les faire distinguer d'avec ceux de Liège. Celle condition paraît n’avoir pas
été convenablement observée d’abord : elle fut renouvelée el, le 1 8 juin 1 6 0 7 ,
Mathieu Vanden Nederhoven dut sé mettre d’accord avec le conseil privé,
pour frapper des cuivres qui porteraient l’effigie de Son Altesse, d’un côté,
et les armes de Bavière avec l’écu de,Looz sur le tout, de l’autre. Sous ces
mêmes conditions, on lui ordonna encore, le 1 3 décembre, de forger des
liards et des demi-liards pour une somme de 2 ,0 0 0 florins Brabant 2.
Le 8 mai 1 6 1 1 , une commission de wardien et essayeur de la monnaie
(de Bouillon) fut donnée à Thomas Masset, bourgeois de Liège, selon l’instruction
qu’il avait reçue et aux gages de 2 0 0 florins Brabant par an 3.
Le 1 0 du même mois, — sans doute en guise de protestation contre les
prétentions du prince de Sedan — Ernest de Bavière institua la charge de
maître monnayeur du duché de Bouillon. Il la conféra à Paul Manlich,
bourgeois de Liège, pour forger, « soubs le nom et liltre de Bouillon » , des
pièces semblables, quant au poids et à l’aloi, à celles que frappait le duc
de Lorraine (Henri II , ou peut-être Charles, le feu cardinal de Lorraine).
Ces pièces, d’une valeur de 1 5 patards Brabant, devaient tenir 9 deniers
2 grains de fin et être en taille de 2 8 s/5 au marc de Troyes ; mais, à l’essai
du 11 mai 1 6 1 1 , on constata qu’elles dépassaient de 4. '/, grains le titre
1 Conseil privé, Protocole, reg. 94 et 95, passim. — Chambre des finances, Protocole,
reg. 21, fol. 17 v". — Nous ne savons pas au juste de quoi Franssen était accusé; mais
il est certain qu’il alla se plaindre à la réunion monétaire du cercle de Westphalie tenue
le 8 octobre 1611. Comme il alléguait qu’il n’avait fait que suivre rigoureusement les
instructions qu’il en avait reçues, notamment au regard des poids à employer, on lui
délivra une attestation que tous les ateliers monétaires de l’Empire devaient faire usage
du marc de Cologne. (H ir s c h , t. VII, p. 405.)
Un nommé Polman Lexhy, suspect d’hérésie, avait été poursuivi, vers la même époque,
comme accusé d’avoir battu monnaie à l’iqsu du chapitre. (Concl. cap. du 2 sept. 1610.)
2 Conseil privé, Protocole, reg. 94 et 95, passim.
3 Conseil privé, Dépêches, reg. 35, fol. 62.