Cette fraction du denier est si mince et d’un poids tellement faible, qu’on
n’oserait lui donner le nom d'obole.
129. Busto mUré de trois quarts à droite, tenant une crosse de la main gauche et bénissant
de l’autre : ROF-E-PC
— Grande clef placée horizontalement au-dessus d’un coffre à anse. A droite apparaît
une tête de profil : C-LAVI-S
A. — Gr. 0,85. Trouv. de Ny, n° 5. — Trouv. de Tillet.
Ici plus de doute : cette énorme clef, avec le mot clavis, de peur qu’on ne
s’y trompe, ce coffre aux reliques, que semble surveiller un gardien, dénotent
l’atelier impérial de Maeslricht. Frédéric Barberousse y avait émis un denier
analogue ', sans doute peu de temps auparavant. Après qu’il eut abandonné
en gage le quartier de Saint-Servais à l’évêque, celui-ci se sera emparé de
l’atelier monétaire et aura fait forger des deniers rappelant l’ancien type, en
substituant son effigie à celle dé l’empereur.
1 50. Buste mitré de face, tenant une crosse de la main droite : RO-T5-EPC
— Assemblage en carré de quatre cercles ornés de grènetis et contenant l’inscription;
au centre, une croisetle; à l’extérieur, dans les angles rentrants, quatre fleurs
D ï VS
de lis : 4*
BV RG
A. — Gr. 0,85. D e R e n e s s e , pl. I, n° 3 (Notger).
Coll. de l’auteur, etc.— 8 fr., vente De Coster.
D’après de Renesse, beaucoup de pièces pareilles furent trouvées dans le
vase qu’on découvrit sous les décombres d e là cathédrale de Saint-Lambert.
Ce denier est toutefois moins commun que la plupart de ceux de Rodolphe.
Les monnaies frappées à Duisbourg, sur le Rhin, au nom de Rodolphe
de Zaeringen ou à celui de saint Servais, patron de Maeslricht, ont longtemps
intrigué les numismates. On s’est demandé comment le chapitre
de Saint-Servais, au XI8 siè cle, et l’évêque de Liège, au XII8, avaient pu
monnayer dans une localité aussi éloignée de la Meuse. D’abord les types
* Revers : une clef et un coffre, sous une arcade; sans légende.
de ces monnaies ont une trop grande ressemblance avec les deniers impériaux
frappés dans celte ville 1 pour qu’on ne reconnaisse pas à tous une
même origine. Puis, comme le remarque M. Piol 3, Duisbourg eut de tout
temps le triste privilège de servir d’hypothèque pour les dettes des empereurs,
et Dieu sait combien leurs créanciers étaient nombreux. Le chapitre
de Saint-Servais premièrement, Rodolphe de Zaeringen, ou plutôt l’église
de Liège, ensuite, auront donc été momentanément en possession de cette
ville et de sa monnaie, à litre d’engagère ou autrement; et cela est d’autant
plus probable que nous venons de voir le même évêque bénéficier du
monnayage résultant d’une autre engagère, celle des possessions de Frédéric
Barberousse dans la cité même de saint Servais.
ALBERT DE RÉTHEL, prévôt, 1 1 9 1 -1 1 9 4 ..
Rodolphe de Zaeringen, en partant pour la croisade, avait confié l’administration
du diocèse au grand prévôt, Albert de Réthel. Celui-ci, dans une
charte de 1 1 9 0 5, se qualifie môme d'Alberlus Dei g ralia p repositus et vice
episcopus. A la mort de l’évéque, il se mil sur les rangs pour lui succéder;
mais il ne réunit qu’un petit nombre de suffrages (8 septembre 1 1 9 1 ) et
ne larda pas à reconnaître son compétiteur, Albert de Louvain. Cependant
Lothaire de Hostade ayant obtenu l’évêché de la faveur impériale, Albert
de Réthel abandonna la cause de son prince légitime, pour favoriser celle
de l’intrus. Quelques mois après la mort tragique d’Albert de Louvain
(2 4 novembre 1 1 9 2 ) , Henri VI se vil forcé de retirer sa protection à Lothaire.
Le prévôt se mil alors à la léle du parti qui s’opposait à la candidature
de Simon de Limbourg. Il ne put empêcher l’élection de ce nouveau prétendant,
mais il contribua à la faire casser par la cour de Rome, et prépara
ainsi l’avènement d’Albert de Cuyck au trône épiscopal.
Les monnaies prévôtales d’Albert de Réthel ayant dû nécessairement être
\ Cf. Dannknberg, n»> 321 et 323.
2 Revue belge de numismatique, année 1857, p. 109.
3 Manuscrit de Himnisdael, Analyse des cartulaires de Saint-Lambert, n» 450.