Ce denier est considéré par M. Perreau comme une monnaie prévôtale.
Tel qu’il se trouve décrit, il pourrait tout aussi bien appartenir, de môme
que le suivant, à l’époque où Hugues, déjà élu par le chapitre, n’était pas
encore admis à porter le titre d’évêque.
HUGUES DE PIERREPONT, 1 2 0 0 - 1 2 2 9 .
Hugues, fils du seigneur de Pierrepont, en Lorraine, était grand prévôt
de Saint-Lamberl à la mort d’Albert de Cuyck. 11 fut élu le S mars 1 2 0 0
et aussitôt investi par le roi de Germanie, Otlon IV, qui se trouvait à Liège.
L’épiscopat lui fut conféré à Cologne, dans l’octave de Pâques de l’année
suivante.
Des accroissements considérables de territoire ont signalé le règne de
Hugues de Pierrepont.
Louis II, comte de Looz, lui fit hommage des forts de Montenaken, de
Brusthem, de Halle et de Lummen, dont le comte Gérard s’était réservé
la pleine propriété.
En 1 2 2 8 , l’alleu de Moha, que le comte Albert de ce nom, lorsqu’il se
trouvait encore sans enfant, avait donné à l’église de Liège, fut incorporé à
la principauté, par suite du décès de sa fille Gertrude, morte sans postérité.
Mais il en avait coûté une guerre terrible au pays. Albert avait stipulé que
s’il lui naissait un enfant, il se bornerait à reconnaître la suzeraineté de
l’église de Liège. Après sa mort, en 1 2 1 2 , Henri I.er, duc de Brabant,
revendiqua le comté de Moha, à titre de créancier de l’ancien seigneur. Fort
de l’appui d’Otton IV, que l’évêque avait abandonné pour Frédéric II, son
compétiteur, il se jeta sur la principauté de Liège, s’empara de la capitale
et la livra au pillage. L’année suivante, Hugues, avec l’aide du comte de Looz,
prit une revanche éclatante : le 1 3 octobre, l’armée brabançonne fut complètement
défaite dans la plaine de Steppes, et, le 2 8 février 1 2 1 4 , l’orgueilleux
duc vint implorer, nu-téte et nu-pieds, le pardon de l’évéque, dans la
cathédrale de Saint-Lambert.
Pour se faire un rempart contre le duc de Brabant, Hugues acheta de
l’évéque de Metz tous les droits qu’il avait sur la ville de Saint-Trond
(1 2 2 7 ). Ce fut le dernier acte important de son règne; il mourut à Huy, le
1 2 avril 1 2 2 9 .
Hugues de Pierrepont se montra encore plus âpre à l’argent qu’avide de
biens pour son église. Parmi les nombreux abus qui, en 1 2 1 0 , excitèrent
contre lui la colère du chapitre, on cite l’altération des monnaies. Le différend
qui en résulta paraît avoir été réglé d’abord par quelques dispositions
spéciales; mais l’évéque refusant ensuite de s’y soumettre, une députation du
clergé se rendit à Rome, en 1 2 1 1 , pour y exposer ses griefs au saint-père.
Malheureusement le résultat de l’enquête qui fut ordonnée nous est resté
inconnu *.
A en juger par la conduite postérieure de l’évêque, cette accusation devait
être fondée. En effet, l’annaliste de Saint-Jacques, Reinier, constate tristement
qu’en 1 2 1 7 il n’y avait aucune fixité dans les espèces qui circulaient
à Liège, et qu’en 1 2 1 9 une monnaie nouvelle, des plus préjudiciables aux
pauvres, y fit son apparition 2. Il s’agit probablement ici de ces petits deniers
muets ou semi-muets, ordinairement plus épais mais moins pesants que les
anciens, dont l’émission, à Liège, coïncide avec l’affaiblissement du numéraire
en Brabant.
Sous le rapport de l’aloi, une des premières monnaies de Hugues (n° 1 5 2 )
a donné pour résultat d’analyse 11 deniers d’argent-le-Roi, c’est-à-dire un
peu plus de *‘/M d’argent pur 3.
ISO. Buste de face à tète tonsurée, tenant un livre de la main droite et une palme
de la gauche : HVGO GL-GCT?
— Eglise avec plusieurs tours. Un grand oiseau (le Saint-Esprit?) s’abat sur le toit.
A. — çtç. Q,8S. Coll. de M. Piat.
Denier datant de la première année du règne de Hugues, avant sa consécration
épiscopale.
1 R e in e ri Annales, anno 1210. — F is e n , 1" partie, p. 286.
s 1217. In Leodio mU a ce rta moneta. — 1219. Nova moneta, pauperibus gravissima.
3 Revue belge de numismatique, année 188S, p. 408.