ment forgez lesquels par abus et notablement oullre leur vraye valleur ont
esté allouez à cincqz florins, les mettons à billon, etc. »
Que pouvaient être ces dalers qu’on évaluait à cinq florins liégeois, à
l’époque où ceux qui étaient forgés au pied de l’Empire, valaient environ
neuf florins?
Un édit du 1 6 août 4 5 8 3 donna cours à des pièces d’un demi-patard de
firabant ou de 2 palards (aidants) de Liège 2. Le 2 3 août, donc huit jours
après, on fit l’essai de monnaies pareilles, forgées par Mathieu de Neder-
hoeven (sic) à 2 % deniers de fin et de 2 2 4 au marc de Cologne, suivant
l’ordonnance 5.
Nous ignorons où ces pièces furent fabriquées ; toujours est-il que Mathieu
van Nederhoeven (sic) était « monnoyer de Son Excellence, en Liège »,
le 2 7 avril 1 5 8 4 . Ce jour-là on essaya des florins d’or qu’il y avait forgés
dans les conditions ordinaires, à 1 8 carats 6 grains et de 7 2 au marc de
Cologne *.
Le 31 juillet 1 5 8 4 , un mandement de l’évêque donna cours aux dalers^
demi-dalers et quarts de daler, forgés à Liège sous ses « armes, timbres, litres
et nom » , d’après les ordonnances du saint-empire. L’essai, fait la veille,
de ces nouveaux dalers (on ne parle pas des pièces divisionnaires) fabriqués
par Nederhoven, avait permis, en effet, de constater qu’ils étaient à 1 0 deniers
1 6 grains et pesaient une once de Cologne s.
Les monnaies de billon étant épuisées dans la principauté, la commission
du cercle de Weslphalie, renouvelant sa permission de 1 5 6 6 (? ), consentit,
le 7 octobre 1 5 8 9 , à ce qu’on y forgeât des doubles, des simples et des
demi-palards, au pied de l’Empire. Ces monnaies devaient rester dans le pays
1 Grand greffe des échevins, Cris du perron touchant les monnaies (1477-1620).
2 Ordonnances de la principauté de Liège, 2e série, t. II, p. 87.
3 Pièces justificatives, n° XXI.
* Ibid., n° XXII.
s Ibid., nos XXIII et XXIV. — L’éwarden assermenté était Aymon Aymons ou Aymond
fils d’Aymond, ainsi qu’on le trouve désigné dans sa nomination à l’emploi d’orfèvre
de la cathédrale. (Concl. capit. du 12 août 1579.) Cet Aymond Aymonds, demeurant sur
le Pont-d’Isle, avait été le changeur officiel des monnaies non évaluées (cri de 1567) et remplissait,
au besoin, les fonctions d’essayeur.
et l’on n’en pourrait fabriquer plus de 5 0 marcs de fin, avant la prochaine
réunion f.
Une autorisation analogue fut donnée au monnayeur de Liège, le 9 mai
15 9 4 : on lui permit de forger, jusqu’à nouvel ordre, 2 5 marcs d’argent fin
en pièces d’un slueber (patard) brabançon et d’un demi-slueber, non pas à un
type étranger, mais au vieux type liégeois. En même temps, on l’engagea
à frapper quelques rixdalers, afin qu’il n’y eût pas seulement de la menue
monnaie dans la boîte, au jour de l’épreuve 2.
Le florin Brabanl-Liégc. — A l’épiscopal d’Ernest de Bavière se rattachent
des modifications profondes dans le système des monnaies liégeoises,
modifications qui aboutirent, sous le règne de son successeur, à la formation
d’une nouvelle unité monétaire 3.
Nous avons d it, page 2 5 , que la monnaie faible — florins et aidants
liégeois — était seule employée dans les cris du perron ou publications
officielles, lorsque l’édit du 2 octobre 1 6 0 0 y introduisit l’usage de la monnaie
brabançonne.
Or, le florin de Brabant se divisait en 2 0 palards ou sous; celui de Liège,
en 2 0 liards ou aidants. Le florin de Brabant valait 4 florins liégeois; le
patard, 4 aidants.
Les monnaies sont donc, évaluées à Liège, en 1 6 0 0 , de la même manière
qu’en Brabant. Mais bientôt qu’arrive-t-il? Peu à peu, dans les cris du perron,
les florins et les palards perdent de leur valeur, si bien qu’une même pièce,
estimée 1 0 0 palards de Brabant en 1 6 0 0 , vaut déjà 5 florins 1 8 palards ou
1 1 8 patards en 1 6 0 1 , et qu’une autre, émise en 1 6 1 8 à 3 florins, arrive,
en 1 6 4 9 , à valoir 5 florins, sans que, dans ces intervalles, il y ait eu le
moindre surhaussement en Brabant.
Nous nous arrêtons en 1 6 4 9 , parce que celle date marque pour un siècle
1 Hibsch, t. VII, p. 2 69. — Depuis longtemps, les petits compteurs de la cathédrale
avaient demandé la fabrication de pareilles pièces. Le chapitre avait répondu qu’il consulterait
la chambre des finances (7 janvier 1587).
2 Ibid., p . 324.
3 Consultez sur ce point et ce qui va suivre : Édits et publications des monnayes,
Liège, 1675; de Chestret, Revue belge de numismatique, année 1 8 8 9 , p. 180.