En celle année ou au commencement de 1 6 7 2 , mourut François Schel-
berg Le 2 3 septembre 1 6 7 5 , le prince délivra à sa veuve et à ses enfants
une commission de maîtres monnayeurs en son pays de Liège , avec les
mêmes instructions qu’il avait données au défunt. Un fils de ce dernier,
Paul-Jean Schelberg, désigné comme étant pourvu de la charge de maître
des monnaies, préla serment le 1 6 février 1 6 7 8 .
Sous la direction des enfants de Schelberg, on ne forgea plus en or que
des doubles ducats 2.
Avant d’être admis à fabriquer des espèces d’or et d’argent, François
Schelberg avait été continué par Maximilien-Henri dans ses fonctions de
maître monnayeur en cuivre, au pays de Liège et comté de Looz. Le
2 8 décembre 1 6 5 0 , il fut chargé de faire des nouveaux liards taillés de
9 2 pièces ou 2 3 patards à la livre. Il devait commencer par forger une certaine
quantité de cuivre confisqué, afin de pouvoir reprendre : 1° les liards
étrangers, qui avaient cours à 1 2 sols, en rendant un des nouveaux pour deux
vieux; 2° les liards de 1 6 sols (remis à 1 6 sols?) de Ferdinand, en rendant
quatre nouveaux pour six vieux. Il était obligé de supporter tous les frais de
fabrication, moyennant quatre patards par livre. Aucun liard ni demi-liard
ne pouvaient être frappés qu’au coin approuvé par le conseil de Son Altesse,
avec les armes du prince d’un côté et l’écusson de Bouillon de l’autre 3.
Cette refonte des monnaies de cuivre, annoncée au public le 3 0 janvier
1 6 5 1 , avait pour but d’empêcher la déplorable circulation des liards imités
de ceux de Ferdinand et l’adoption d’un type se prêtant moins à la contrefaçon
*.
* Henri Flémalle fut nommé à l’office d’orfèvre de la cathédrale le 29 avril 1672, « par
la mort de Me France Schelbergh ». [Biographie nationale, t. VII, col. 102, d’après les
archives de l’État, à Liège.)
2 Chambre des finances, reg. des monnaies, fol. 28 et passim.
3 Pièces justificatives, n° XLVI.
* Grand greffe des échevins, Mandements, reg. 1627-1724. — L’introduction frauduleuse
des cuivres contrefaits sortant principalement des officines de Gronsveld et de Reckheim,
avait donné lieu à de nombreux édits aussi inefficaces les uns que les autres. Il en était de
même en Brabant, où les « mauvais liards et gigots venant du pays de Liège » avaient fini
par compromettre entièrement la réputation des bons.
Quelques jours après, la chambre des comptes envoya dire aux ouvriers
de « la monnaie de cuivre » qu’ils eussent à bien cogner les liards h Celle
« monnaie de cuivre » était sans aucun doute de l’atelier de Hasselt, où il y
avait alors vingt-trois monnayeurs 2.
On avait donné deux mois pour échanger les vieux liards, mais la forge
n’en ayant pas encore produit suffisamment de nouveaux, un édit du 2 7 mars
réduisit, en attendant, la valeur des liards de 1 6 sols à 1 2 sols, et mit au
billon les monnaies de cuivre étrangères, en accordant un autre délai de
deux mois pour les vendre à la forge, au prix de 1 4 patards la livre.
Cette ordonnance, mal comprise, à ce qu’il semble, suscita des plaintes,
au point que, le 2 7 mai, on jugea nécessaire de faire paraître un nouvel
éçlit portant que le délai indiqué ne concernait point les pièces évaluées à
1 2 sols, et permettant d’apporter à la monnaie, jusqu’à nouvel ordre, celles
qui étaient mises au billon 5.
L’historien Bouille ■* ne paraît pas avoir eu connaissance de ce troisième
édit et rapporte les choses différemment. Il cite, parmi les mécontents, les
brasseurs ef les meuniers, comme se refusant à recevoir les nouveaux liards
pour leur valeur, en sorte, ajoute-t-il, que l’on manquait de vivres l’argent
à la main.
1 Chambre des finances, Protocole, reg. 26, fol. 8 v°.
2 C’étaient : Henri Munters, prévôt; François Munters, Otton Vander Hoven, Renier
van Elsrack, Ernest Laureten, Martin Deekens, Gérard Puts, Jérôme Preys, Henri Preys,
Pierre Deekens, Jean Bauten, Gérard Voskens, Francon Corselias, Robert Coex, Nicolas
Sigers, Jean Biscoppen, Arnold Goetbloets, Herman Christyns, Melchior Laureten, Gisbert
van Horion et trois autres portant le nom d’Arnold van Elsrack. (Manteuus, Hasseletum,
p. 21.)— lin long procès(lGSl-1636), dont les péripéties ont été racontées par M. leD'Bamps
dans la Revue belge de numismatique, année 1888, p. SOS, eut lieu entre ces monnayeurs
et le magistrat de Hasselt. De pareils conflits s’étaient d’ailleurs fréquemment produits
depuis la fin du XV0 siècle. Tous avaient pour cause la violation, réelle ou prétendue, des
privilèges de la corporation. Cette fois-ci, les monnayeurs furent énergiquement soutenus
par l’abbé de Saint-Jacques, à Liège, en qualité de conservateur de leurs privilèges. De son
côté, la ville s’adressa à la députation des états, où elle finit par obtenir gain de cause
complet. Il est regrettable que les recherches de M. Bamps sur l’atelier de Hasselt n’aient
paru qu’après la publication de la partie générale de ce mémoire : elles renferment des
considérations judicieuses et des renseignements que nous aurions certainement utilisés.
8 Grand greffe des échevins, Mandements, reg. 1627-1724.
l Histoire de la ville et pays de Liège, t. III, p. 317.