LÉGISLATION INTERNE..
Poids e t t itr e des monnaies.
Les monnaies qui circulaient au moyen âge étant petites et par conséquent
sujettes à l’usure, souvent altérées et de valeurs différentes, on stipulait fréquemment,
dans les transactions importantes, le poids de la monnaie qu’on
devait recevoir.
Jean Hocsem, en supputant à combien se montait la vente de Malines,
en 1 3 3 3 , s’exprime de manière à faire croire que, pour lors, on se servait à
Liège du même poids qu’à Cologne : « Dans notre province de Cologne,
dit-il une once pèse 2 0 stcrlins; un sterlin, environ 3 6 grains de gros
orge, ou mieux d’épeautre, ces derniers étant plus communs chez nous et
d.’un poids presque uniforme. Or, 8 onces font un marc, etc. »
Ce marc se divisait comme la livre dite de Charlemagne, puisque
8 X 2 0 x 3 6 = 5 7 6 0 , et que l’ancien grain eslerlin était la 5 7 6 0 e partie
de l’ancienne livre de Charlemagne 2.
Mais ces divisions ne sont point celles du marc dit de Cologne. Elles se
rapprochent de celles du marc de Troyês, dont on constate l’emploi chez les
orfèvres et les changeurs, au moins depuis le XVe siècle jusqu’à la chute de
la principauté. En effet, dans ce dernier système :
La livre valait 2 marcs.
Le marc — 8 onces ou 2 4 6 gr,0 2 8 0 .
L’once — 2 0 eslerlins ou 30«r,7 5 3 5 .
L’esterlin — 3 2 as ou grains ou l gr,5 3 7 7 .
L’as ou grain valait 0 gr,0 4 8 1 3.
4 M. Ruelens, conservateur à la Bibliothèque royale de Belgique, a bien voulu vérifier
sur le m anuscrit original ce passage de Hocsem et l’a trouvé parfaitement conforme au texte
donné par Chapeauville, t. II, p. 413.
2 Dou rsth e r , Dictionnaire universel des poids et mesures, vo c . Grain.
3 De Louvrex, Recueil des édits, etc., t. III, pp. 82 et 326; Almanach de la province
de Liège.
D’après Budel *, qui écrivait en 1 5 9 1 , le marc de Troyes était en usage
dans les provinces belges et dans les autres États de Sa Majesté Catholique;
celui de Cologne l’était dans le diocèse dè ce nom et dans quelques parties
de l’Allemagne. Il se divisait en huit onces, comme le marc de Troyes, mais
les subdivisions n’en étaient pas les mêmes, et il pesait un esterlin de moins
à l’once; d’où il résulte que le marc de Cologne était de 8 esterlins ou 1/20"
plus faible que celui de Troyes.
Cette différence est encore attestée par un document liégeois de l’année
1 6 2 2 , où il est dit que le poids de Cologne sera « réduis en poix de Troye
portant cincques sur c e n t2. »
Le vieux marc de Cologne pèse, d’après le plus ancien exemplaire conservé
dans celte ville, 2 3 3 gr,8 1 2 3. En Allemagne, ce marc est compté à
4 8 6 4 as de Hollande, ce qui coïncide parfaitement avec les rapports que
nous venons d’établir (8 X 1 9 X 3 2 — 4 8 6 4 ) et prouve l’identité, d’ailleurs
reconnue, du marc de Hollande avec celui de Troyes. Toutefois, on
constate une différence, quoique très légère, dans les réductions en poids
métriques de ce dernier marc, qui est évalué, en Allemagne, à 2 4 6 gr,0 8 3 9 ,
tandis qu’à Liège il n’est compté que pour 2 4 6 gr,0 2 8 0 .
Les deux étalons étaient employés simultanément dans notre pays pendant
la seconde moitié du XVIe siècle et la première moitié du XVIIe. Seulement,
l’emploi du marc de Cologne était restreint à l’exécution des ordonnances de
la commission monétaire du cercle de Westphalie.
Pour indiquer le titre ou aloi, c’est-à-dire la proportion de l’alliage, on
supposait le marc d’argent fin divisé en douze parties égales, nommées
deniers de loi ou d ’aloi, et chaque denier, en 2 4 grains.
On appelait argent-le-Roi celui qui contenait, au marc, 11 deniers
1 2 grains ou 2 3 /2 4 d’argent pur.
Le marc d’or pur se divisait en 2 4 carats, dont chacun valait 1 2 grains.
* De monetis et re numaria, pp. 63 et 64.
2 Pièces justificatives, n° XXXV.
3 M e y e r s , Konversations-Lexikon, 3e édition, voc. Mark. Une ordonnance de 1816 fixa
le poids du marc de Cologne à 233^,8555, comme la demi-livre de commerce.