Lièg e et Aw o y .
Armoiries de Liège : de gueules au perron d’or *.
Quoique les diplômes impériaux ne fassent aucune mention spéciale du
droit de battre monnaie à Liège , il n’est pas douteux qu’une concession
analogue à celles que l’évêque obtint pour d’autres localités, ne lui ait été
également accordée pour sa capitale. Si l’on admet avec nous que les deniers
liégeois au nom d’Otton (III) sortent de l’atelier épiscopal, on peut dire que
la suite monétaire de la cité s’étend depuis la fin du Xe siècle jusqu’à celle
du XVIIK
Pendant une aussi longue période, cet atelier dut nécessairement changer
souvent de place. D’après un acte du 19 mai 1 4 5 8 , il était établi dans « une
maison qu’on dit Delle Monnoye » , sise en la paroisse de Sainl-Servais 2.
En 1 5 5 2 , il ne devait exister à Liège aucun édifice public du genre de ceux
que nous appelons aujourd’hui hôtels des monnaies, puisque le maître mon-
nayeur fut tenu « de erigier et eslever la devant dite monnoierie en dedans
ladite cité de Liège , affin ¡celle eslever et de icelle point à délaissier que
peux d’overaige que survenir luy poldrat, ou pour aucunes autres affaires
que survenir luy poldroient pendant le temps de son terme 3. » Il en était
de même en 1 6 9 1 : on voit alors un monnayeur sans travail adresser au
4 Cet antique symbole de la nationalité liégeoise se trouvait érigé dans toutes les villes
et jusque dans les villages de la principauté. Il consistait primitivement en une colonne,
élevée sur plusieurs marches et surmontée d’une croix. Quelquefois le nombre des marches
allait jusqu’à cinq, mais il était ordinairement de trois ; une espèce d’anneau coupait la
colonne, et la croix reposait sur une boule. Bientôt, la boule devint une pomme de pin,
puis les degrés furent supportés par quatre lions et la colonne se trouva placée entre les
lettres L-G. Qui dit perron dit croix. C’est ainsi que les armes parlantes de la ville de
Péronne ne sont autre chose qu’une croix élevée sur trois degrés. C’est constamment sous
cette forme que le perron nous apparaît sur ses plus anciennes représentations, les monnaies
liégeoises du XIIe siècle. Nous avons même la conviction que la croix haussée des
monnaies mérovingiennes, dont on peut suivre les transformations sur les saigas qui pré-
cé’dèrent immédiatement l’avènement des carolingiens, est le prototype du perron..
2 H enàux, Revue belge de numismatique, année 1848, p. 77.
3 Pièces justificatives, n° VIII.
prince une requête, où il fait valoir « qu’il est chargé d’une grande et spacieuse
maison nécessaire pour l’exercice de ses ouvrages. »
L’ancien bourgmestre de Heusy écrivait, en 1 7 6 3 , qu’il y avait autrefois
un hôtel des monnaies à Liège, dans la rue des Soeurs de Hasque *. Enfin,
on sait qu’en 1 7 1 8 des salles du palais furent appropriées à la fabrication
des monnaies et qu’on y plaça un balancier 2. Ce fut un nommé Jean-François
Knaps (Kinable) qui se chargea de livrer et d’installer le nouveau matériel.
Dans les conclusions capitulaires de 1 7 2 3 à 1 7 3 8 , on trouve la mention
d’un contrat qu’il passa à cet effet avec le maître monnayeur, feu Schelberg,
ainsi .que les traces d’un procès que le dit Knaps, « ci-devant maître de la
monnoie » , intenta au chapitre, afin d’élre « désintéressé pour les ustensiles
et le balancier qui se trouvent au palais. »
Sous Adolphe de la Marck ( 1 3 1 3 - 1 3 4 4 ) , on constate l’existence d’un
atelier monétaire important dans la baronnie libre d’Avroy (Av ro lum ). Celle
seigneurie, déjà citée parmi les possessions de l’église de Liège en 1 1 5 5 ,
était une propriété de la mense ou liste civile épiscopale, ayant une cour de
justice particulière. Le quartier d’Avroy fut réuni à la ville, en 1 3 4 3 , par
la lettre de Saint-Jacques 3.
t Bulletin de Vlmtitut archéologique liégeois, t. XIII, p. 82. M. Alph. Le Roy, dans son
bienveillant rapport à l’Académie touchant le présent mémoire, raconte cette particularité
remarquable : « J’ai entendu cent fois, dit-il, il y a bien longtemps, les enfants du quartier
d’Outremeuse, à Liège, répéter une chanson dont je ne me rappelle plus que deux vers :
A l’aur! à l’aur! A Saint-Foyer»,
On balt’ di l’aur et di l’ârgint...
« A l’or, à l’or ! A Saint-Pholien, on bat de l’or et de l’argent. » Ces paroles se rapporteraient
elles à un hôtel des monnaies qui aurait existé dans cette paroisse, à une époque
plus ou moins reculée? »
2 H e n a u x , Revue belge de numismatique, année 1846, p. 267...Nous ferons observer
toutefois que lé mot presse, qui suppose l’emploi du balancier, se trouve déjà appliqué
à la fabrication des monnaies liégeoises, en 1662.
3 Ordonnances de la principauté de Liège, 1™ série, p. xvn.