Visé.
Armoiries : d'azur à la bande d’argent.
Berthe, fille de Charlemagne, fit bâtir à Visé (Viesatum, Viosalum,
Viosaz, etc.) une église en l’honneur de saint Martin et y établit une foire.
Ce marché devint un des plus considérables du pays, principalement pour
le commerce des pelleteries, et conserva sa réputation jusque vers la fin
du XIIe siècle. En 9 8 3 , l’empereur Qlton II concéda à Nolger le tonlieu
qui se percevait chaque année à la foire de Visé
Dans ces conditions, il était tout naturel d’ériger à Visé un atelier
monétaire. Après les espèces carolingiennes et impériales, on y forgea un
numéraire épiscopal. On prétend même que de cet atelier est sorti le plus
ancien denier où un évêque de Liège (Réginard, 1 0 2 5 - 1 0 3 8 ) paraisse être
nominalement désigné. Mais avec la décadence du marché de Visé arriva
celle du monnayage. Un denier prévôlal de Hugues de Pierrepont (1 2 0 0 )
termine la série des anciennes monnaies viséloises.
Il y avait plus de quatre siècles que le bruit du marteau des monnayeurs
s’était éteint à V isé , lorsqu’on y rouvrit une forge, qui subsista de 1 6 1 4
à 1 6 1 9 . Un autre atelier y fut établi en 1 6 4 0 , mais il ne produisit que
des Iiards.
■luy e t Statte.
Armoiries de Huy : de gueules au château d’or fermé d’azur 2.
A Huy (Hoyum, Huum, etc.) appartient toute une série de monnaies
mérovingiennes portant les noms de Choe, Hoe, etc. Sous Charlemagne et
quelques-uns de ses successeurs, cet atelier conserva une certaine activité.
Vers l’an 5 6 0 , l’évêque Domilien étant mort à Maestricht, son corps fut
transporté à Huy, la ville de ses affections, et inhumé dans l’église de Sainte-
Marie. Dans la suite, Notre-Dame et saint Domitien furent honorés comme
1 Voyez Henaux, Histoire de la bonne ville de Visé, et les diplômes.
2 On connaît certains sceaux de Huy, où se trouve représenté le perron accompagné
de deux oiseaux.
les patrons de Huy, et, sous les empereurs germains, le nom de saint Domitien
fut inscrit sur la monnaie.
En 9 8 0 , Otton II confirma à Notger, évêque de Liège, les possessions de
son église, entre autres Huy, avec défense à tout comte d’y exercer quelque
pouvoir '. Peut-être les droits de l’évéque ne s’étendaient-ils pas alors sur la
ville entière; mais il ressort d’une donation subséquente qu’il devait être déjà
en possession de la monnaie. Par ce second diplôme, daté du 7 juillet 9 8 5 ,
le roi Otton III donne à Nolger le comté de Huy, que le comte Ansfrid a
résigné en faveur de l’église de Liège. Il y comprend la monnaie, le tonlieu
et autres revenus, « attendu que ces restes du pouvoir royal ont déjà cessé
d’exister par les libéralités de ses prédécesseurs envers les églises de Sainte-
Marie, à Liège et à Huy 2. »
Faut-il conclure de cette dernière considération, comme l’a fait M. Piot 3,
que l’église de Notre-Dame, à Huy, pouvait exercer le droit monétaire, et
doit-on lui attribuer les deniers qui ne portent ni le nom de l’évêque, ni
celui de saint Lambert? Évidemment non. L’église de Huy n’était encore
qu’une simple paroisse *, et sa part dans les libéralités impériales ne pouvait
consister que dans ces « autres revenus » qui ne sont pas spécifiés.
Pendant quatre siècles, l’hôtel des monnaies de Huy ne le céda en importance
qu’à celui de Liège. Après avoir atteint son point culminant sous
Adolphe de la Marck, il ne tarda pas à disparaître devant la faveur accordée
par le successeur de ce prince à l’atelier de Saint-Pierre.
Comme Liège et Maestricht, Huy possédait deux ateliers monétaires :
celui de la ville proprement dite, situé sur la rive droite de la Meuse, et
* Ordonnances de la principauté de Liège, l re série, p. 2.
2 Et quia quod reliquum erat regie ditionis, in moneta sdlicet et telonio reliquisque redi-
tibus, munificentia régum vel imperatorum, predecessorum nostrorum, ecclesie sancte Marie
Leodio vel Hoio posite, jam cesserai, etc. (Ordonnances de la principauté de Liège, 1™ série,
p. 2.) .
3 Revue belge de numismatique, année 1857, p. 98.
4 La tradition qui attribue à Charlemagne la fondation d’un chapitre de chanoines
à Huy, est infirmée par Gilles d’Orval (Chape au ville, t. II, p. 3). L’église de Notre-Dame
ne devint collégiale que longtemps après, et ne fut même affranchie de la juridiction
archidiaconale qu’en 1066. (Miræus, Opéra diplomatica, 1.1, p. 352.)