neuf de fabrication moderne, de sorte qu’il reste, en défalquant deux doubles,
vingt-trois pièces au plus convenablement déterminées *.
D’un autre côté , la série épiscopale liégeoise, pour son ancienneté, sa
suite non interrompue et la richesse de ses premiers types, n’a pas de
rivale en Belgique. Mieux que cela : durant les XIe, XIIe ét XIIIe siècles,
nous osons affirmer qu’elle est sans égale dans aucun pays. « Les monnaies
liégeoises de cette époque, dit M. Chalon -, ont un caractère particulier et
original qui les distingue, au premier coup d’oeil, de toutes les autres. Ce n’est
ni le type brabançon, ni le type des empereurs; c’est encore moins une
imitation des monnaies françaises. Dans les nombreuses variétés de leurs
type s, offrant souvent des monuments, des groupes de personnages ou
d’autres sujets, on serait tenté, malgré leur exécution grossière et naïve, de
voir une réminiscence éloignée du système des deniers romains, c’est-à-dire
de véritables médailles, conservant le souvenir de faits historiques. » Les
numismates les plus autorisés sont d’accord sur ce point. Alors même qu’un
certain nombre de ces pièces n’offrent, à la première vue, que des emblèmes
d’une naïveté comique, on reste persuadé que ces images se rapportent à
des objets, à des faits, à des anecdotes même, parfaitement connus de tous
les contemporains.
Indépendamment de cet intérêt historique, les monnaies liégeoises de
cette période, bien que généralement d’une exécution inférieure à celle des
sceaux, reflètent fidèlement l’état de l’architeclure romane et des arts qui lui
prêtent leur concours. Ornement, mobilier, iconographie, paléographie,
l’imagination des tailleurs de fers nous permet de tout étudier, en attendant
1 Monnaies mal attribuées : pl. I, nos 1 à 3, 1 à 6; pl. II, nos 1, 1 et 2 ,1 à 3'|. pl. III,
n - 2 (et probablement 1), 1 et 2 (Albéron H ; pl. IV, n°> 1, 2, 6, 8 (Robert), 1 ,1 ; pl. V,
n° 1; pl. VI, n°* 1 ,1 ; supplément, n“ 1 et 4.
Pièces modernes, fabriquées par le numismate Van der Meer : pl. I, n° 7; pl. II, n» 3
(Théoduin); p l. III, n» 1 (Raoul); pl. V, n»1 1 (Guy),’ ! (Hugues); p l. VI, n- 2; pl. IX, n» 1
(A rn o u ld ) ; s u p p lém e n t, n » 2 e t 11.
2 Rapport sur un dépôt de monnaies du X l l ' siècle, découvert à Tillet, p. 2.
que le blason, arrivant avec l’ogive, prenne une place prépondérante sur la
monnaie.
Telles sont les considérations qui nous ont engagé, bien plus que le côté
économique de la matière, à affronter les difficultés de ce travail.
Deux questions se présentaient d’abord : fallait-il, en présence de nom- Méthode,
breux ateliers monétaires, donner le pas au classement géographique, ou
adopter l ’ordre chronologique?
Le premier système avait cet avantage que la description des monnaies
arrivait immédiatement après l ’aperçu historique consacré au lieu de leur
fabrication. Malheureusement c’était séparer de celle description les notices
biographiques et numismatiques relatives à chaque règne, c’était surtout nous
exposer à des erreurs d’attribution locale inévitables, double inconvénient
qui nous a fait préférer l’ancienne méthode, sauf à la combiner de notre
mieux avec les divisions géographiques.
Ces différentes notices, pour le dire en passant, étant spécialement consacrées
à fintelligence des monnaies, même supposées, n’offrent qu’un résumé
des faits étrangers à la numismatique. La chronologie y tient naturellement
la première place, car il ne suffit pas, lorsqu’il s’agit d’un état ecclésiastique,
de savoir quand arrivèrent le commencement et la fin de chaque règne; il
faut connaître autant que possible les dates de l’investiture et du sacre, deux
événements de la plus haute importance pour déterminer l’âge des monnaies.
La seconde question était de savoir quel serait le point de départ de notre
monographie.
Sans nous arrêter à la vieille fable concernant le monnayage exercé par
saint Hubert, si plaisamment accueillie par un historien d’ordinaire peu
crédule *, nous croyons avoir démontré ailleurs 2 que, dès le Xe siècle, les
évêques de Liège prirent possession des ateliers monétaires, immédiatement
après les concessions de la moneta par les empereurs. Cependant, comme les
4 Henàux, Essai sur l'histoire monétaire du pays de Liège, p. 17.
2 Revue belge de numismatique, année 4886, p. 1.