Il est à présumer que cette précieuse monnaie, forgée à Stalle, faubourg
de Huy, fut émise en 1 2 9 1 , pendant le séjour que le mambour fit dans cette
ville, à l’occasion de la réunion des états. L’incorrection des légendes est
aussi fort remarquable.
Sous le rapport du type, le droit était employé par Gui de Dampierre
en Flandre, d’après la monnaie de sa mère, Marguerite de Constantinople.
Le revers est celui du gros tournois, dont celle pièce valait probablement
la moitié.
GUI D’AVESNES ou DE HA1NAUT, élu, 1 2 9 2 - 1 2 9 6 .
Armoiries : bandé d’or et de gueules de six pièces.
Après la mort de Jean de Flandre, une nouvelle scissioirse forma au sein
du chapitre : deux candidats furent élus, Gui d’Avesnes, frère du comte de
Hainaul, et Guillaume Berthout de Malines. L’élection du premier ayant été
confirmée par l’archevêque de Cologne, son rival le cita au tribunal du saint-
siège. Gui fit nommer mambour son frère Bouchard, évêque de Metz, et se
rendit à Rome ; mais le trône pontifical étant vacant, il revint à Liège après
les fêtes de Pâques de 1 2 9 3 , saisit les rênes du gouvernement et reçut de
l’empereur l’investiture des droits régaliens, le 2 0 juin 1 2 9 4 . L’année
suivante, l’élu retourna à Rome, laissant la régence à son frère Jean, comte
de Hainaut, avec le titre de mambour '. Ce second voyage aboutit à un
échec : le pape Boniface VIII finit par casser l’élection des deux compétiteurs
et conféra l’évêché à Hugues de Châlon.
1 Pour établir cette distinction, inconnue aux historiens, entre la mambournie de
Bouchard et celle de son frère Jean, voyez les chartes n” 178 et 182, analysées dans
d e T h e ü x , Le chapitre de Saint-Lambert, t. I I , p p . 395 et 396.
HUGUES III DE CHALON, 1 2 9 6 - 1 3 0 1 .
Armoiries : de gueules à la bande d’or chargée à dextre d’une étoile à six rais d'azur.
Ce prélat, issu des comtes de Bourgogne, fil son entrée solennelle à Liège
le 2 4 août 1 2 9 6 .
Dès le commencement de son règne, il indisposa ses sujets en fabriquant
frauduleusement, à Slatte lez-Huy, des monnaies de bas aloi. Bientôt après,
lorsque s’alluma la guerre des Awans et des Waroux, il ne fit qu’envenimer
la siluation, en prenant parti pour ces derniers. Des troubles éclatèrent à Liège
et à Huy, où l’évéque s’était réfugié. Bref, il s’attira si bien le mépris du
clergé et du peuple, qu’on l’accusa auprès du pape de tous les maux qui
accablaient le pays. Hugues, appelé à Rome, y résigna son évêché et fut
transféré au siège de Besançon (2 8 décembre 1 3 0 1 ) .
Ce fut en 1 2 9 6 , ou plus probablement au commencement de 1 2 9 7
(nouv. st.), que Hugues de Châlon fit forger, à Slatte, une monnaie de billon
qu’il falsifia si bien, au dire d’un écrivain contemporain, qu’à la fin deux de
ces deniers n’en valurent plus qu’un de Liège. En effet, tandis que le vieux
gros tournois du roi de France équivalait à six deniers liégeois, pareille
valeur était à peine représentée par seize de ces mauvais deniers. Aussi les
riches, pour six deniers de cens, exigèrent-ils un gros ou seize nouveaux
deniers, tandis que les censiers ne voulaient payer qu’un de ceux-ci pour
un ancien. Il en résulta de graves dissensions dans le pays. Enfin, les échevins
décidèrent qu’on payerait un gros tournois pour huit deniers liégeois, et deux
des nouveaux deniers, qu’ils assimilaient aux petits tournois, pour un denier
de Liège. Mais cette décision ne fut pas respectée partout et l’agitation se
prolongea jusque bien avant dans le siècle suivant *.
1 Hic Hugo apud Statam ju x ta Hoyum monetam oere permixtam paulatim diminuens fabri-
cavit, ita quod in fine unum Leodiensium taies düo denarii compensabant ; et cum grossus
Turonensis antiquus regis Francioe sex Leodiensibus oequipenderet, v ix hinc valorem taies
denarii 16 attingebant. Quare divites pro 6 denariis census debiti grossum unum vel novos
denarios 16 exigebant, censiti vero nisi novum denariumpro veteri solvere voluerunt ; etpropter