Les eslerlins au lion, d’origine essentiellement belge, étaient particulièrement
répandus dans la partie orientale du pays. Pour en fabriquer, il n’était
pas nécessaire, paraît-il, de porter un lion sur son écu ; on l’armait d’une
épée, et la circulation s’enrichissait d’une variété nouvelle. En effet, Pesterlin
ci-dessus, longtemps attribué à l’évêque Jean de Flandre ( 1 2 8 2 -1 2 9 2 ) ,
a été restitué par De Coster à Jean d’Enghien ', à cause de sa présence
dans le trésor de Bruges, qui ne renfermait aucune monnaie de Gui de
Dampierre, comme comte de Flandre, et doit, par conséquent, avoir été
enfoui avant son avènement, en 1 2 8 0 . La composition de la trouvaille de
Grand-Halleux faisait déjà pressentir cette restitution.
Ce type a été servilement imité par Gérard, comte de Juliers.
JEAN DE FLANDRE, 1 2 8 2 -1 2 9 2 .
Armoiries : d’or au lion de sable 2.
Les suffrages des chanoines de Saint-Lambert se partagèrent entre
Bouchard d’Avesnes et Guillaume d’Auvergne, qui portèrent leur cause
devant la cour de Rome. Après une année d’attente, le pape ayant désigné
Jean de Flandre, fils de Gui de Dampierre, comte de Flandre et de Namur,
le nouveau prélat fut inauguré à Liège le 31 octobre 1 2 8 2 .
Par sa soeur Marguerite, l’évéque se trouvait être le beau-frère de Jean 1er,
duc de Brabant. Celle parenté ne fut pas étrangère au traité de 1 2 8 3 , qui
réglait les droits des deux souverains sur la ville de Maeslrichl, notamment
par rapport à la monnaie.
Les troubles qui agitèrent la cité, en 1 2 8 8 , obligèrent le prince et le
chapitre à se retirer à Huy. Ils y restèrent jusqu’à ce que la tranquillité eût
été rétablie par la paix conclue le 7 août 1 2 8 7 . Le duc de Brabant, qui avait
ménagé cet accommodement, compta Jean de Flandre au nombre de ses alliés
à la célèbre bataille de Woeringen, en 1 2 8 8 .
i Revue belge de numismatique, année 1866, p. 434.
a Sur le contre-scel de Jean de Flandre, le lion tient une crosse. D’après le Recueil
héraldique des bourgmestres de Liège, le sceau de l’évêque portait un lion chargé d’un bâton
péri en bande (de gueules), comme sur les monnaies que son père frappait dans le comté
de Namur.
Vers le mois de novembre de cette année, il arriva que l’évéque, chassant
dans la forêt de Bouillon, tomba dans une embuscade et fut enlevé par une
troupe d’hommes inconnus. Lorsqu’il reparut à Liège, le 1 8 avril 1 2 8 9 , il se
refusa constamment à révéler le secret de sa détention. Depuis lors, il ne fit
plus que languir, au point que l’on jugea nécessaire de confier le gouvernement
à son père, Gui de Dampierre, avec le titre de mambour. En 1 2 9 1 , ce prince
réunit les états à Huy, la ville la plus rapprochée de son comté de Namur;
puis il continua d’exercer la régence jusqu’à la mort de son fils, arrivée le
14 octobre 1 2 9 2
208. Écu parti aux deux lions de Brabant et de Limbourg : IO ^ ’ - S P I S -G O P V S
— Grande croix coupant la légende et anglée de trois feuilles en lyre et d’une rose ■
* MO | n a in i SBii | n o s
A. — Gr. 0,80 (piece usée). Coll. de la ville de Liège.
Il est évident que nous nous trouvons ici en présence d’une monnaie
mixte, frappée à Maeslrichl, au moyen d’un coin liégeois, par l’évéque Jean
de Flandre et le duc Jean Ier de Brabant, en vertu de la convention de 1 2 8 3 .
La légende du revers nous parait donc devoir se lire : MOR0WS Brabantina
lleodiensis TlOvK.
Ce curieux esterlin n’est cependant pas antérieur à l’année 1 2 8 8 , date de
la conquête du Limbourg par le duc de Brabant, puisque le lion limbourgeois
à queue nouée y figure à côté du lion brabançon.
GUI DE DAMPIERRE, mambour, 1 2 9 1 , 1 2 9 2 .
209. Aigle à deux têtes, dans un entourage composé de quatre arcs de cercle alternant
avec quatre angles saillants : ❖ G ï QOSR WIi7 ÏRD (sic) fU 2 5R G ^ X22SSTÌ
— Croix brève et pattée, au centre. Légende intérieure: ❖ SIÎORSWH LSSrP2OT
Légende extérieure : >î< SRI (sic) ROSRIRI (sic) D R I R R I D S I I fjV X P I
4* Or. 1,80 (pièce un peu CBALON,Rccherchessiirte8monnaiesdescomtesdcyamur
ébréchée). n° 67.
Coll. du comte de Robiano.
1 Fisen, 2d’ partie, p. 32.