Engagé à Guillaume de la Marck, en 1 4 8 4 , il passa à son frère, Robert Ier,
seigneur de Sedan, dont le fils Robert II fut dédommagé par l’évêque Érard
de la Marck, en 1 5 0 6 . Toutefois l’église de Liège ne rentra en paisible possession
de son domaine qu’après la prise de Bouillon par Charles-Quinl,
en 1 5 2 1 . Les successeurs de Robert n’en conservèrent pas moins le litre de
duc de Bouillon et l’étalèrent plus lard sur leurs monnaies.
De 1 5 5 2 à 1 5 5 9 , Bouillon fut occupé par les Français. Il tomba définitivement
en leur pouvoir en 1 6 7 6 , et fut donné ensuite à Godefroid-Mauricé
de la Tour, comme descendant des anciens prétendants à ce duché.
Les évêques de Liège ne cessèrent de protester contre cette usurpation 1
Depuis l’année 1 6 1 1 , ils faisaient forger à Bouillon même (encore en 1 6 4 0 ) ,
ou en d’autres lieux, quoique toujours en qualité de princes souverains de
Bouillon, des espèces qui, paraît-il, n’étaient pas sujettes aux lois de l’Empire.
Après la perle de ce duché, l’évéque et le chapitre, intervertissant les rôles,
continuèrent à en prendre les armes sur leurs monnaies, pendant qu’à son
tour le prince de Sedan frappait les siennes à Bouillon, dans le vieil édifice
qu’on y voyait encore en 1 7 6 3 2.
Fosses.
Armoiries : d’argent à un homme vêtu de gueules, ou au naturel, piochant une fosse
sur une terrasse de sinople.
En 9 7 4 (et non 9 9 4 ) , l’empereur Olton II accorda à Notger le droit
d’établir un tonlieu, un marché, un atelier monétaire et une fabrique de
drêche à Fosses 3.
Aucune monnaie fossoise de ce temps n’est arrivée jusqu’à nous. On ne
connaît de l’atelier de Fosses qu’un petit gros à l’aigle, frappé dans la maison
de l’évêque, en 1 2 9 8 , et un gros tournois de Thibaut de Bar ( 1 3 0 3 -1 3 1 2 ) .
1 Voyez le chapitre de Louvrex intitulé : Information touchant le Duché de Bouillon,
t. IV, p . 22.
2 Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, t. XIII, p. 82.
3 Ut in loco Fossas nuncupato... monetam... constitueret. (Ordonnances de la principauté
de Liège, 1” série, p. 1.)
Dans l’acte par lequel le chapitre de Saint-Feuillen, à Fosses* transporte
aux Soeurs grises l’hôpital de Saint-Nicolas, en 1 5 1 4 ’, il est stipulé que les
soeurs seront tenues de présenter, chaque année, au chapitre fondateur « ung
denier d’ore en la valleure de douze patars bonne inonoye, armoiiés de Saint
Foillain et de ses armes » . La rente annuelle que devait l’abbaye de Roeulx,
se payait de même au moyen d’ « un écu d’or ou 1 2 deniers d’argent, monnaie
de Saint-Feuillen » .
« Il est donc à présumer, dit M. Kairis 2, que Fosses a joui anciennement
du droit de battre monnaie et que l’on a voulu en empêcher la prescription
ou l’oubli, en créant quelques renies spécialement payables en pièces frappées
au coin de Saint-Feuillen. Ces pièces étaient portées aux processions et
les chanoines les revendaient à leurs débiteurs, pour leur donner plus de facilités
d’exécuter les conditions contenues dans les actes constitutifs des rentes.
A la Révolution française, le chapitre emporta ce que la trésorerie contenait
de précieux ; ces monnaies, qui en faisaient partie, furent aliénées ou dispersées
à l’étranger. »
M. Chalon 3 pense que « ces monnaies étaient des espèces de méreaux
portant d’un côté l’image du saint patron, Foillen, et de l’autre les armes de
la ville » A
Thuin.
Armoiries : d’azur billeté d’argent, au lion d’argent armé et lampassé de gueules.
Thuin, sur la Sambre ( Tulinum, Tudinum, Tuinus, etc.), était une des
plus anciennes possessions de l’église de Saint-Lambert. On assure que celte
ville doit son origine à un château fort, élevé par les moines de Lobbes pour
défendre leur abbaye. En 8 8 8 , le roi Arnould donna celte abbaye, avec ses
dépendances, à Francon, évêque de Liège, qui avait été moine à Lobbes.
Notger, eu 9 7 2 , érigea le bourg de Thuin en ville et l’entoura de murailles.
4 J. B o r g n e t , Cartulaire dé la ville de Fosses, p. 123.
2 Notice historique sur la ville de Fosses, pp. 25 et 63.
3 Revue belge de numismatique, année 1861, p. 117.
4 Sur le sceau de l’église de Fosses, saint Feuillen est représenté debout, avec la crosse
et la mitre, sous un dais ogival accosté de deux anges agenouillés; à ses pieds, un écusson
semé de croisettes : S. ecclesie. sti. Foillani. — fossensis. ad. causas.