On raconte qu’un événement mémorable se passa à Lobbes, en 9 8 5 , lorsque
les Huns assiégèrent le monastère. Deux pigeons s’échappèrent de l’église et
volèrent trois fois autour du camp des assiégeants. Aussitôt survint une pluie
torrentielle qui, en gonflant les cordes de leurs arcs, les empêcha de s’en
servir et les contraignit à fuir épouvantés '. C’est peut-être en mémoire de ce
prodige qu’on figura plus tard deux colombes sur la monnaie de Thuin.
Il existe des deniers au type impérial, frappés à Thuin dans le premier
tiers du XIe siècle. Le droit d’y forger une monnaie épiscopale, déjà exercé
par Théoduin et ses successeurs, fut confirmé par l’empereur Frédéric Bar-
berousse, le 7 septembre 1 1 5 5 2. Thibaut de Bar ( 1 3 0 3 -1 3 1 2 ) paraît avoir
été le dernier évêque qui en ail fait usage.
Le patron de Thuin est saint Théodard.
Tongres.
Armoiries : de vair à la fasce haussée d’or.
Tongres, l'Atuatuca Tungrorum des anciens, fut détruite plusieurs fois
par les barbares, après avoir été le siège primitif de l’évêché de Liège. Elle a
pour patrons Notre-Dame et saint Materne.
Sous les Carolingiens, on y battait monnaie. Il en fut de même, à ce qu’il
semble, vers le milieu de l’époque féodale, puisqu’on rapporte que l’atelier
d’alors était situé au coin de la rue de la Croix (vicus Crucis), qui aboutissait
à la porte de la Croix, aujourd’hui de Sainl-Trond, et qu’avant 1 3 2 2 il avait
été converti en maison communale et en halle aux viandes 3.
Jean d’Arckel ouvrit un nouvel atelier monétaire à Tongres, probablement
eh 1 3 7 6 ; mais l’existence n’en fut pas de longue durée, et après
Arnould de Horn ( f 1 3 8 9 ) , on ne connaît plus de monnaie longroise.
C’est de ce dernier atelier qu’il s’agit dans les documents locaux de la
fin du XIVe siècle, où l’on remarque les expressions in vico monetariorum
et Muntslraet, nom qu’une rue de Tongres a conservé jusqu’à nos jours.
t F olcwni Gesta abbatum lobiensium, cap. XXV.
s Castrum Tutimm mm ecclesia et abbatià et advocatia et moneta et omnibus pertinentiis.
{Ordonnances de la principauté de Liège, l r” série, p . l à . p ÿ i
3 Ch. Thïs, Bulletin de la Société scientifique et littéraire du Limbourg, t. XI, pp. 150 et 155.
Saint-Tron<l.
Armoiries : de gueules au perron d’or, au chef d’or chargé d’une aigle de sable.
Un homme de haute noblesse, nommé Trudon, qui s’était fait admettre
parmi les clercs de l’église de Metz, donna au siège épiscopal de cette ville
son domaine de Sarchinium, sur les confins de la Hesbaye. A son retour, il
y édifia une église (6 5 7 ) et un monastère, autour desquels se groupèrent
bientôt des habitations. Plus tard, un évêque de Metz donna en fief à cette
abbaye tous ses droits seigneuriaux sur la moitié de la ville de Saint-Trudon.
Ceux qu’il s’était réservés furent cédés, avec la souveraineté de la ville entière
et de l’abbaye elle-même, à la cathédrale de Saint-Lamberl, par un contrat
de l’année 1 2 2 7 . Selon d’autres, Trudon n’avait donné que la moitié de son
domaine à l’évêché de Metz, en réservant l’autre moitié pour sa nouvelle
église. Aussi les abbés de Saint-Trond, dont le monastère avait été élevé au
rang d’abbaye impériale, en 1 3 4 9 , s’attribuèrent-ils un droit de souveraineté
sur la ville, avec les évêques de Liège '.
Il n’en reste pas moins vrai que la seigneurie de Sainl-Trond fut partagée,
mais les prélats liégeois possédaient seuls le droit de battre monnaie 2. Ce
droit avait été exercé par leurs prédécesseurs, les évêques de Metz, au XIe et
au XIIe siècle, et dans les documents de l’année 1 2 2 6 , on parle encore de
deniers et d’oboles de Saint-Trond (Denarium Trudonensis monetoe, obolum
Trudonense) 3.
D’après les chartes, l’atelier des évêques-de Liège pouvait être établi dans
la ville et sa franchise, et la valeur de leurs monnaies était réglée par l’ancienne
coutume désignée sous le nom de T ruyslach i . Robert de Langres
( 1 2 4 0 -1 2 4 6 ) est le plus ancien prélat liégeois dont on ait retrouvé des
deniers frappés à Saint-Trond.
A celle époque, où presque toutes choses étaient données en fief, la monnaie
1 Pe r r eau , L ’atelier monétaire de S’-Trond; Daris, Notices sur les églises du diocèse
de Liège, t. V, p . 7 4 , e t le s d ip lôm e s.
2 1299. Per sententiam scabinorum monote percussura spectat ad episcopum. (Chronique de
l’abbaye de Saint-Trond, é d it. d e Borman, t. II, p . 230.)
3 Courtejoie, Histoire de Saint-Trond, p . 300.
4 Monetam seu pecuniam vulgariter dictam Truyslach in valore veteri facere poterit (epi-
scopus) fabricare. (Ibid., p . 291.)