même n’échappa point à cet usage. Nous en trouvons la preuve dans le fait
suivant. En 1 2 5 6 , les habitants de Saint-Trond, révoltés contre Henri de
Gueldre, avaient ouvert leurs portes au duc Henri III de Brabant, leur avoué.
Ils prétendirent lui transférer le droit de battre monnaie, qu’une bourgeoise
nommée Béatrix, veuve de Gilles, tenait depuis longtemps en fief de l’évêque.
L’écolàtre de Sainte-Marie, à Maestricht, agissant comme délégué du pape,
ordonna à l’abbé et au prieur de Saint-Trond de faire comparaître cette
femme devant eux. Ils devaient lui enjoindre de se conformer à son serment
de ne vendre ni de livrer la monnaie à qui que ce soit, et de révoquer, sans
le mettre à exécution, l’engagement qu’elle avait pris, disait-on, envers ses
concitoyens, dans l’intérêt du duc de Brabant et au préjudice de l’église
de Liège '.
Un heureux hasard nous a fait découvrir le nom d’un maître monnayeur
de Saint-Trond. Le 5 avril 1 3 7 2 , maître Renier de Bommershoven,
li monoiers, releva la part qui lui revenait dans une terre arable sise A
Alken, et dans un relief du 17 janvier 1 3 7 7 , il comparut comme témoin sous
le nom de Renier, munlmeisler de Sanclo Trudone 3.
Après Jean de Horn, on ne rencontre plus de monnaie frappée à Saint-
Trond. Cependant il y existait encore des monnayeurs en 1 5 5 3 (?), s’il est
vrai, comme l’avance M. Perreau 3, qu’Érard de la Marck (lisez Georges
d’Autriche) les convoqua à Liège, en cette année, afin de prendre leur avis
et de les faire concourir au choix des députés qu’il devait envoyer à l’assemblée
monétaire de Spire.
1 1 2 3 6 . Cum opidani Sancii Trudonis percüssuram monete, quam quedam opidana in feo-
dum ab episcopo ab olim habuit, in gravamen sai domini Henrici episcopi electi procurassent
transferri ad ducem Brabantie Henricum... (Chronique de Saint-Trond.) Ad hec sub pena
pred id a vobis preàpiendo mandamus quod vacata cor.am vobis Beatrice, vidua relieta quondam
Egidiiy ipsam ex parte nostra et dominipape cum instàntia moneatis, quod... monetam,
que est allodium ecclesie Leodiensis, et quam ipsa tenet a dicte domino electo et ideo sub speciali
fidelitate sibi et ecclesie Leodiensi est obligata, dictis hominibus Sancii Trudonis, nec
alicui alii vendat vel tradat contra dicti domini electi et ecclesie voluntatem, et in prejudicium
et lesionem eorundem, et contractum quem super dieta moneta dicitur ferisse cum hominibus
prenotatis Od opus et utilitatem Hfenrici), ducis Brabantie,... ab eisdem revocet, nec aliquatenus
alterius procédât ad dicti contraclus consumationem. (Piot, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Trond,
t. I, p . 2 7 2 .g H
2 Cour féodale de Liège, reg. 41, fol. 6 2 v" et 9 2 v°.
3 L'atelier monétaire de S'-Trond, p. 8.
H a ss e lt e t Cnrange.
Armoiries de Hasselt : parti de Looz et d'argent à une branche de coudrier
ou à un arbre de sinople {.
Thierri de Heinsberg, comte de Looz, étant mort en 1 3 6 1 sans laisser
d’héritier mâle, son comté fit retour à l’église de Liège, qui en était suzeraine.
Pour affirmer ses droits, l’évêque Englebert de la Marck fit occuper
Hasselt, la principale ville du pays. En même temps, l’officine monétaire
qui s’y trouvait établie fut probablement fermée, car on ne connaît ' plus
de monnaie hasseltoise frappée avant le règne de Jean de Heinsberg
( 1 1 1 9 -1 1 5 5 ) .
Cependant, en 1 1 1 1 , Jean de Bavière confirma les anciens privilèges des
monnayeurs, et son exemple fut suivi par ses successeurs 2. La plupart d’entre
eux firent frapper une grande partie de leur numéraire à Hasselt. Gérard de
Groesbeeck y érigea un nouvel atelier, en 1 5 6 6 , et, vers la fin du XVIe siècle^
la réputation des monnayeurs lossains était si bien établie, qu’ils se trouvaient
employés ou recherchés par le Gouvernement des Pays-Bas 5.
Après avoir été supprimé pendant un certain temps, l’atelier de Hasselt
fut reconstitué en 1 6 1 1 , dans une maison particulière appartenant à
Mme de Mombeeck ; mais au bout de six mois, il fut transporté- à Visé.
Depuis lors, il n’en est plus question jusqu’en 1 6 3 7 , ou même 1 6 1 0 . On
y forgeait encore du cuivre en 1 6 5 6 , et, selon toute apparence, il continua
à subsister assez longtemps après.
On rapporte qu’en 1 6 5 1 les monnaies de Hasselt étaient appelées Hassele*
taires. La fabrication en était alors confiée à vingt-trois personnes, dont
* Les armes officielles de Hasselt diffèrent sensiblement des anciens sceaux : à dextre;-
il y a deux arbres de sinople posés en pal sur une terrasse de même.
2 Voyez page 33.
3 Revue belge de numismatique; année 1853, p. 303. Malgré leur habileté, les monnayeurs
de ce temps n’étaient pas riches,, témoin cette annotation du notaire qui scella la confirmation
de leurs privilèges, en 1584 : Solveruni autem quia nïhil habent nm quod ih sudore
sui vultus lucrantur, quare domini de Caméra moderati sunt ju ra sigilli ad, sex aureos quos
recepi. [Reg. du grand séel d’Ernest de Bavière, 1581-1602, fol. 30 v0.)