insérée dans le tome I des Annales de la Société archéologique du Luxembourg.
Malheureusement les dessins dont il accompagna son travail, bien
que vérifiés et garantis exacts, laissent souvent à désirer.
Quelques années après, au mois de juin 1 8 5 3 , un trésor encore plus
considérable, contenant deux mille huit cents deniers, fut découvert à Tillet,
près de Saint-Hubert. M. l’abbé Germain, professeur au petit séminaire de
Bastogne, dans un mémoire adressé à l’Académie de Belgique ', constata
que ce dépôt comprenait vingt types déjà connus par la trouvaille de Ny, et
seize types nouveaux; il reconnut que ces deuiers appartenaient presque tous
à l’ancienne principauté de Liège et quelques-uns seulement au Brabanl;
les pièces liégeoises embrassaient une période de soixante-deux ans au plus,
de 1 1 6 7 à 1 2 2 9 2. L’enfouissement avait dû suivre de plusieurs années celui
du trésor de Ny, puisque dans ce dernier on n’avait pas trouvé de pièces
de Hugues de Pierrepont, fort nombreuses à Tillet. Cependant, à en juger
par la forme et le poids des deniers, il est très probable que ce dépôt fut confié
à la terre avant 1 2 1 0 , c’est-à-dire avant l’époque où l’on verra que l’évêque
fut accusé d’altérer la monnaie.
Le classement des deniers qui suivirent le premier monnayage de Hugues;
s’obtient au moyen de deux petits dépôts provenant non seulement de la
même localité, le village de Grand-Axhe, près de Waremme, mais encore
du même terrain, où cependant ils furent découverts et probablement enfouis
à des époques différentes. La seconde de ces trouvailles venait d’être faite,
lorsqu’elle nous fut signalée par un antiquaire, vers la fin de l’année 1 8 8 5 ,
puis vendue dans le petit vase même qui la contenait. Nous avons tout lieu
de croire qu’elle était restée bien complète; mais, comme toujours, il ÿ avait
un « revers à la médaille; » presque toutes les pièces étaient fort détério-
1 M. Piot étant président de l’Académie et directeur de la Classe des lettres, en 188S,
nous a obligeamment communiqué ce mémoire, qui n’a pas été imprimé.
2 Nous rectifions, par la suppression d’une prétendue monnaie de Henri II, les chiffres
adoptés par M. Chalon, dans le rapport qu’il présenta à l’Académie sur la notice de M. Germain
(Bulletin, t. XXII, n*110).
rées, plusieurs même étaient tout à.fait méconnaissables. C’étaient quelques
deniers de Hugues de Pierrepont, à des types déjà fournis par la trouvaille
de Tillet, mais usés; un certain nombre de pièces nouvelles du même évêque
et de Henri Ier, duc de Brabant, beaucoup de monnaies de Bertrand, évêque
de Metz ( 4 1 7 9 -1 2 1 2 ) , et de Conrad; son successeur ( 1 2 1 2 -1 2 2 4 ) , plus
quelques deniers de l’archevêché de Trêves, en tout cent soixante-quatorze
pièces. Il résulte du contenu de ce trésor que l’enfouissement doit en avoir
eu lieu vers le milieu du règne de Hugues; bien plus, on pourrait dire
qu’il fut confié à là terre en 1 2 1 3 , lors des ravages épouvantables exercés
à Waremme et aux environs par le duc de Brabant, pendant la campagne
qui aboutit à sa défaite dans la plaine de Steppes.
L’autre dépôt avait été trouvé à Grand-Axhe, le 1er mars 1 8 7 6 , à un
mètre du précédent, et acquis par l’Institut archéologique liégeois '. Il renfermait
quatre-vingt-huit deniers assez frustes et connus, appartenant, sans
aucune exception, à Hugues de Pierrepont et à Henri de Brabant, ces deux
princes qui vivaient en si mauvaise intelligence. L’intérêt que présente cette
trouvaille, dont une pièce seulement se rencontre dans la précédente, consiste
principalement en ce qu’elle ne contenait aucun type représenté dans le
trésor de Tillet, et qu’elle nous montre, par conséquent, le numéraire en
circulation pendant la seconde moitié du règne de Hugues de Pierrepont 2.
L’histoire monétaire de la principauté, de Liège se prête à des divisions Dissions,
qui concordent parfaitement avec les grandes époques de l’histoire et de l’art
dans notre pays.
Né avec la féodalité, le monnayage liégeois se poursuit sous la forme de
petits deniers d’argent, durant les trois siècles où l’on voit s’épanouir la
période qualifiée de romane.
1 Voyez le Bulletin de cette Société, t. XII, p. 483, et la Revue belge de numismatique,
année 1876, p. 442.
2 Nous ne nous étendrons pas sur les trouvailles de monnaies noires liégeoises. Une des
plus importantes, faite aux environs de Liège vers 1839, a été inventoriée dans la Revue
belge de numismatique, t. I , p. 1S1, et a servi à l’exécution des planches de Lelewel,
publiées dans le même recueil en 18SS.