
d ’A vril, la Lentille monte à la fuperficie de l’eau &
d ie y multiplie, les jeunes Plantes de Prêle pouffent
& s’élèvent dans l’eau , tant d’autres Plantes qui
flottent fur l’eau, commencent à croître. Les Polypes
, que la chaleur ranime, montent fur. ces
Plantes : ils les parcourent, en cherchant leur
p ro ie ;'& on peut alors les tirer de l’eau ayec les
Plantes.
A mefure que la chaleur augmentera, il ell vrai-
femblable qu’on en trouvera en plus grande quantité.
Si ce n’eft dans un endroit, ce fera dans un
autre.
J’a i alfuré, que les Polypes fe tenoient, en Hy-
ver fur-tout, au fond de l’eau. C’ell ce que m’ont
appris les Recherches que j’ai faites dans les foffés
dans cette faifon, & les Expériences que j’ai faites dans
mon Cabinet. J’en ai tenu plufieurs dans de grands
vafes, dont le fond étoit garni de terre. Ils font ref-
tés au fond de l’eau fur cette terre pendant le froid ;
mais dès qu’ils ont fenti la chaleur, .ils font montés
le long des parois du vafe, & de là fur les Plantes
aquatiques que j’y avois mifes, & à la fuperficie de
l’eau. Il feroit dangereux pour les Polypes de relier
près de cette fuperficie pendant la gelée. Ils pourraient
fe trouver expofés à périr dans la glace. J’ai
elfaïé d’en faire geler. J’en ai vu, qui ont été pendant
plus de vingt-quatre heures dans la glace, &
qui n’en font pas morts ; mais un plus grand nombre
y a péri: enforte qu’il ell naturel de penfer, qu’un
pareil féjour , fur-tout quand il ell un peu lon g ,
ne peut qu’être pernicieux aux Polypes. Il importe
te donc beaucoup de prendre des précautions pour
préferver de la gelée ceux fur lefquels on fait des
Expériences.
J’a i vu, pendant une forte gelée, à travers la glace,
des Polypes dans le folié, où j’en pêche ordinairement.
Je me fuis, pour cet effet, étendu fur la glace en des
endroits où le Soleil donnoit, & éclairait jufqu’au
fond de l’eau. Les Polypes étoient fixés fur des Plantes
& fur des feuilles qui étoient au fond du folié. Il
y en avoit de la fécondé & de la troifiéme efpéce.
C ’elt le 11 Janvier de cette année # que je les ai con-
fidérés avec le plus d’attention. Le Thermomètre
de Prins, expofé au Nord, avoit été le matin au iôme
degré, & à midi au 2Ôme. C ’ell entre midi & une heure
que j’ai obfervé les Polypes dans le foffé. Ils n’étoient
pas extrêmement contrariés. J’en ai remarqué un qui
avoit mangé. Quoique les eaux ne foient pas peuplées
d’Infeftes en Hyver, comme en E té , on ne lailfe pas
d’y en voir quelques-uns dans.le tems' le plus froid.
Je remarquai, par exemple, le jour dont je parle,des
Pucerons de trois différentes elpéces qui nageoient,
& qui pouvoient fervir de nourriture aux Polypes.
Je fus curieux de favoir dans quel degré de froid
étoient les Polypes. Aiant fait un trou à la glace, je
defcendis au fond de l’eau, un Thermomètre fufpen-
du à une ficelle, & je le laiffai pendant quelque tems
à côtédes Polypes, Il étoit, quandje le tirai, au 42me
degré. Le froid ne pénétre pas fi tôt au fond d’un
folié, que dans un poudrier; enforte que les Polypes
ne font pas facilement expofés, dans leur féjour ordinaire,
à ce froid que je leur ai fait éprouver dans mes
T ver-
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1744.