
L e hazard m’a appris à réunir des portions de Polypes.
J’avois mis dans un petit verre deux morceaux
de Polypes, dont je m’étois fervi pour faire
une Expérience. Les aiant examinés le lendemain,
je remarquai, qu’ils étoient attachés l’un, à l’autre. Je
les coupai de nouveau,. & je les rapprochai exprès.
Ils fe réunirent encore. Il n’en fallut pas davantage,
pour me porter à faire cette Expérience avec attention.
Voici comment je m’y prens pour réunir des
portions de Polypes.
A p r è s avoir coupé le Polype dont je veux réunir
les moitiés, je mets ces moitiés au fond d’un verre
plat, dans lequel il n’y a de l’eau qü’à la hauteur de
quelques lignes. Je les rapproche l’une de l’autre en
les pouffant avec la pointe d’un pinceau, & je les difr
pofe de manière que les deux bouts par lefquels elles
doivent fe réunir, fe touchent, ou peu s’en faut
S ’ils fe touchent, j’obferve à la loupe s’ils continuent
à fe toucher. S’ils ne fe touchent pas tout-à-fait,
j ’examine fi les moitiés, en s’étendant, ne rapprochent
pas ces deux bouts l’un de l’autre jufqü’à fe rencontrer.
Il arrive fouvent, que les portions de Polype
fe dérangent, & que les extrémités qui doivent fe
toucher, s’éloignent l’une de l’autre. Alors, je les remets
avec un pinceau dans la fituation où elles doivent
être. Mais, fi je vois que leurs bouts continuent
à fe toucher, j’ai grand foin de les lailfer dans un parfait
repos. C ’eft, après que les bouts fefont touchés
pendant quelque tems, un quart d’heure, une demi-
heure, une heure, que l’on commence à s’apperce-
voir qu’ils s’attachent. Mais, cela n’arrive pas à tous
eèujê
-Ceux qui fe font touches pendant quelque tems. On
trouve fouvent enfiiite qu ils fe font éloignes 1 un de
l’autre, foit par la contraction, foit par le dérangement
de la fituation des portions de Polypes. Il faut
dans ce cas remettre ces portions dans la fituation
convenable. Il m’a paru, qu’il étoit bon de les forcer
à fe contracter, avant que de les rapprocher. On
oblige par-là les bouts, qui doivent fe toucher, à sé-
largir; & plus ils font larges, plus il eft apparent
qu’ils fe réuniront. C ’eft au moins ce que j ai lieu de
conjeturer. Quoique j’aie foin de' rapprocher les
portions de Polypes d’abord apres quelles ont été
féparées, ce n’eft pas que cela foit abfolument nécef-
faire pour que l’Expérience réufiiife. J’en ai vu , qui
n’ont commencé à fe réunir que deux heures après
que le Polype avoit été coupé. Peut- être que fi l’on
s’obftinoit à rapprocher toujours les bouts de portions
de Polypes qui s’éloignent, on parviendroit
enfin à lés faire toutes réunir.
J e n’ai poulfé à cet égard la patience que jufqu à
un certain dégré. Je n’ai rapproché les portions de
Polypes, à mefure qu’elles fe dérangeoient, que pendant
une heure ou deux. En général le lucces n eft
pas fi fréquent dans cette Expérience, que dans celles
dont j’ai parlé jufqu’à préfent.
L es deux portions de Polypes ne font d’abord
i-éunies, que par une partie de leur extrémité. Le
Polype, qu’elles forment, eft fort étranglé à l’endroit
où la réunion s’eft faite *. Mais, à mefure quon le
nourrit, l’étranglement diminue, & difparoit enfin
entièrement.
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