
J’a i coupé en partie un Polype fuivant fa longueur,
en commençant par la tête; & il s’eft trouvé
enfuite avoir deux corps,deux têtes, & une queue.
Les portions du Polype qui ont été féparées, au
lieu de fe rapprocher, & de former un Polype Amp
le , formèrent, chacune à part,une tête & un corps,
comme j’ai dit que le faifoient les moitiés d’un Polype,
coupé longitudinalement d’un bout à l’autre.
Après avoir nourri ce Polype à deux têtes, en lui
faifant prendre des alimens par fes deux bouches,
j’ai auffi fendu en partie, en commençant par la
tête, chacune des deux branches qu’il avoit. En
peu de tems il a eu quatre têtes. Enfin, je fuis
parvenu à faire enforte qu’il eût fept. têtes *. Un
autre, fur lequel j’ai fait la même Expérience , en a
eu huit. J’ai vu ces Hydres prendre en même tems
des alimens par toutes leurs bouches.
O n penfe bien, qu’après être parvenu à faire des
Hydres, je ne m’en fuis pas tenu là. J’ai coupé les
têtes de celui qui en avoit fept; & , au bout de quelques
jours, j’ai vu en lui un prodige qui ne le cède
guères au prodige fabuleux de l’Hydre de Lerne. Il
lui eft venu fept nouvelles têtes ; & fi j’avois continué
à les couper à mefure qu’elles pouffoient,il n’y a pas
à douter que je n’en euffe vu pouffer d’autres.. Mais,
voici plus que la Fable n’a ôfé inventer. Les fept têtes,
que j’ai coupées à cette Hydre,ayant été nourries,
font devenues des Animaux parfaits, de chacun
defquels il ne tenoit qu’à moi de faire une Hydre.
S i l’on commence par le bout poftérieur à couper
un Polype longitudinalement, & fi l’on ne le coupe
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que jufques près de la tête, il fe trouve, peu après,
avoir une tête & deux queues. On peut augmenter
le nombre de ces queues, en les recoupant-, après les
avoir fait croître , comme j’ai dit que je l’avois fait à
l’égard des Hydres à plufieurs têtes.
J’a i v u marcher des Hydres à plufieurs têtes, &
des Hydres à plufieurs queues.
J ’a i fait des Hydres d’une manière, un peu différente
de celle que je viens de décrire. Au lieu de fendre
le Polype en long jufques près d’une des extrémités,
je l’ouvre d’un bout à l’autre, & je l’étends fur
ma main ainfi ouvert. On a vu dans le premier Mémoire
* , comment je m’y prens pour faire cette opé- * Pag. 54;
ration : &. la Figure 7. de la PI. IV. de ce Mémoire repréfente
grôffi au microfcope, un Polype ouvert, &
dont la peau eft étendue. Je donne des coups de ci-
feaux.à la peau de tous côtés, & en tout fens: j’ai
feulement foin de ne pas féparer entièrement les -portions
de cette peau, de faire enforte qu’elles tiennent
encore enfemble par .quelque endroit. On s’imagine
bien dans quel état eft,après cela,le Polype. J’en ai
fouvent vus, que j’avois coupés de cette manière, qui
ont eu enfuite trois ou quatre têtes. Ils ont eu auffi
quelquefois des queues. Ces petits morceaux de.
peau,qui ne tiennent plus enfemble que par un côté,
deviennent chacun ordinairement, ou une tête, on
une queue. Il fe peut auffi qu’il y en ait qui fe rejoignent.
C’eft ce que je n’ai pas obfervé.
I l arrive, la plupart du tems, que les têtes & les
queues des Polypes extraordinaires, dont je viens de
parler, fe féparent d’elles-mêmes, & deviennent des
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