
de les faire tomber fur leurs bras. Us ne peuvent pas
aller fe faire prendre en nageant, comme le font les
Pucerons & les Mille-pieds. Auffitôt qu’on les met
dans l’eau, ils tombent au fond.
I l feroit inutile de décrire au long, comment les
Polypes faififfent, portent à leur bouche, & avalent
les Vers dont il s’agit. Ils emploient pour cela les
mêmes expédiens qu’ils mettent en ufage à l’égard
des Mille-pieds & des Pucerons. Je ne ferai donc
mention que de quelques Faits particuliers.
O n peut donner à manger à un Polype, un. Ver
beaucoup plus long que lui, & pour le moins auffi
épais qu’eft le corps de ce Polype lorfqu’il eft étendu.
Il trouve moien de loger ce Ver dans fon efto-
mac, à force d’étendre la peau de fon corps, & de
faire faire au Ver plufieurs plis & replis. Ce Ver n’a
rien de dur, rien qui réfifte à la peau du Polype: il
cède facilement, & fe range dans l’eftomac #. Avant
même que d’y être entré, il eft fouvent déjà roulé &
replié en un paquet. Il prend cette forme en fe débattant
entre les bras du Polype; & ce dernier y contribue
auffi, en tâchant de l’affujettir entre fes bras,
La bouche du Polype doit s’ouvrir extrêmement, pour
donner entrée à un Ver difpofé de cette manière. On
voit fouvent un V e r , mis en trois ou quatre doubles,
paffer dans l’eftomac d’un Polype. Quand il eft fim-
plement en double, & qu’il eft recourbé à peu près
dans le milieu, on remarque clairement les deux extrémités
du V e r , qui pendent encore: en dehors de la
bouche, tandis que le milieu entre dans le corps *.
C e s Vers ont été une des plus grandes relfources
que
que j’aie eues pour nourrir IéS Polypes, & furtout
pendant l’H yver. J’en ai raffemblé abondamment
au mois d’Oétobre, je les ai mis dans de grands
vafes pleins d’eau , avec trois ou quatre pouces
de terre au fond. A mefure que j’en ai eu be-
foin, j’en ai pêché dans ces vafes, de la même manière
que je les pêche dans les foffés. On comprend
aifément que , pour découvrir de ces Vers
dont je parle, il faut fonder le terrein qui eft au fond
des eaux, avec le fil de fer qui fert à les pêcher. On
retire fouvent de deffous terre, avec cet infiniment,
un Ver rouge, affez épais, & long de cinq à fix lignes % * p l . vir.
Il eft du même genre que celui qui eft décrit dans le 12
premier Mémoire du Tome cinquième, pag. 29 &c.
des Mémoires de Mr. de Reaumur fur les Infectes.
L e s Polypes peuvent auffi fe nourrir de ce V e r ,
mais il eft plus difficile à avaler & à digérer que ceux
dont il a été queftion ci-deffus. Comme il eft roide
& fort, il n’eft pas facile aux Polypes de l’obliger à
fe replier, & à fe ranger dans leur eftomac. Lorfqu’il
y eft introduit en double, il y occupe une très grande
place, c’eft-à-dire, qu’il force la peau des Polypes
à s’étendre extrêmement. Celle de ce Ver eft un
peu écailleufe ; & c’eft ce qui le rend plus difficile à
être digéré. 11 faut que les Polypes aient bien faim
pour en manger. Cet aliment nè leur eft pas convenable
en Hyver.
J E leur ai vu manger le Ver de tipule tranfparent ,
dont parle Mr. de Reaumur, à la page 40 & fuivaii-
pes du Mémoire que je viens de citer.
A i AN t pris au mois de Juin 1743 une grande
quan