
mais, il les a rejettés fur le champ. Après cela, il
les a repris & rendus fucceffivement, jufqu’à ce que
les aiant féparés, il a avalé le V e r , & laiffé le Polype.
J’ai fouvent répété cette Expérience en préfence de
diverfes perfonnes, que cette fcène a fort diverties. Je
l’ai aufli faite fur des Gougeons, & avec le même
fuccès. Au lieu de rejetter les Polypes parla bouche
, ils les ont plulieurs fois fait fortir par les ouïes.
De trois Gougeons, aux quels j’en ai fouvent préfenté,
un feul en a avalé une fois un. Il arrive ordinairement,
qu’ils rejettent le Polype fans lui faire le moindre
mal; mais, j’en ai vu un, qui fe trouva fort déchiré,
& à peine reconnoiffable, après que les Poilfons
eurent tenté plufieurs fois de l’avaler. Cet accident,
qui auroit été mortel pour bien d’autres Animaux,
fut peu de chofe pour ce Polype : il fe guérit bientôt.
J e n’ai pu trouver aucune efpéce de Scarabées a-
quatiques , auxquels les Polypes puffent fervir de
proie. Chacun fait cependant, qu’il y en a de très
voraces. J’ai fur-tout tâché d’en faire manger à ceux
d’une efpéce fort commune. Il s’agit de ces petits
Scarabées prefque ovales, & dont les foureaux des ah
les ont la couleur &. le luifant de l’acier bruni. On
les voit fouvent par troupes , qui nagent avec une
prodigieufe viteffe 'fur la fuperficie de l’eau. J’en ai
raffemblé plufieurs dans un grand verre > où je les ai
nourris avec divers Infeûes terreftres & aquatiques.
Lorfqu’ils font affamés, ils faififfent avec promptitude
ceux qu’on fait tenir fur la fuperficie de l’eau, & fe
les difputent les uns les autres avec un grand acharnement.
Après en avoir fait jeûner pendant quelque
tems,
tems, je leur préfentai un Polype. Il fut d’abord fai-
fi par deux de ces Scarabées;mais,un moment après,
ils le lâchèrent. C ’eft ce que j’ai vu plufieurs fois.
Quelque affamés qu’ils fuffent, ils ont conftamment
rejetté les Polypes.
A i a n t donné un grand Ver à un petit Polype, je
préfentai le Polype à mes Scarabées, lorfqu’il eut avalé
tout ce V e r , & qu’il fut extrêmement renflé. Quelques
Scarabées le faifirent, & mangèrent alors, & le V e r ,
& le Polype dans le corps duquel il étoit. C ’eft le feul
moïen que j’aie pu trouver, pour leur faire manger
des Polypes. Mais ce Fait, ne peut, c emefemble,
nullement prouver, que ces Animaux foient un de
leurs alimens ordinaires.
J’a i déjà indiqué, dans le premier Mémoire, les
expédiens que j’emploie, pour trouver des Polypes.
J’ai dit, qu’il s’en trouve indifféremment fur tous
les corps qui font dans l’eau , qu’il faut les en tirer
,. les mettre dans un verre plein d’eau, & que
bientôt on appercevra les Polypes qui feront défi
fus, fur-tout fi on en a déjà vu , & fi on leur donne
lé tems de s’étendre, en laiffant le verre en repos>
pendant un moment.
L e foffé, dans lequel j’ai trouvé les premiers Animaux
de ce genre que j’ai vus, & enfuite les deux:
autres efpéces que j’ai découvertes, eft fitué au pied
des Dunes. Il eft large d’une vingtaine de pieds. Il
forme à un bout un cul-de-fac, & à l’autre il communique,
par un canal étroit,à un ruiffeau qui parcourt'
Sorgvliet dans fa longueur. L ’eau dé ce foffé eft continuellement.
rafraichie par celle qui fe filtre dans le
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