C ’ est ce qui pourrait, peut - ê tre, déterminer
à les appeller des Animaux-Plantes. Mais, je ne
fais fi l’on peut leur donner ce nom, autrement
que par manière de parler, parce qu’il me paroit,
qu’on a moins de raifons de prendre les Polypes
d’une manière abfolue pour des Animaux-Plantes,
que pour de Amples Animaux. Afin de pouvoir
décider, que tel corps organifé, n’eft ni Plante, ni
Animal, mais doit être placé dans une clalfe mi-
toïenne entre les Animaux & les Plantes ; afin,
dis-je, de le-pouvoir décider, il faudrait connoitre
précifément toutes les propriétés - dont les Plantes
& les Animaux font fufceptibles. Nous avons vu
ci-deffus , que nous étions'. fort éloignés de cette
connoiffance. Ce n’eft que lorfqu’on y fera parvenu,
qu’on pourra faire d’autres claffes de corps or-
ganifés. En attendant, il eft beaucoup plus naturel
de regarder les Polypes, & divers autres, corps or-
ganifés qui ont reçu le nom de Zoophites, comme
des Animaux qui ont plus de rapports remarquables
avec les Plantes, que d’autres.
- N o u s n’avons pas cru devoir entreprendre d’expliquer,
en tout, ni en partie, les Faits finguliers
que nous avons rapportés. Il eft trop dangereux,
en fait d’Hiftoire Naturelle , d’abandonner l’Expérience,
pour fe laifler conduire à l’imagination. On
rilque de n’arriver, en fuivant cette route, qu’à des
Hypothèfes peu fûres, & qui peuvent devenir nui-
fibles aux progrès de cette Science, fi on a le malheur
de fe prévenir pour elles. Au -lieu d’éclaircir
les Faits par de nouvelles Expériences, on a rq.
a J ( cours
cours à une Hypothéfè, difons à un préjugé , qui
difpenfe de la peine d’obferyer , mais qui ne fert
füuvent qu’à multiplier nos erreurs.
C ’ e s .t ainfi, par exemple, qu’on a c ru , pendant
tant de Siècles, qu’un grand nombre d’Animaux
venoient de la corruption, des corps, dans
lefquels, ou fur lefquels on les trouvoit. 1 C ’eft l’origine
qu’on a attribuée à tous les Infectes dont on
ne connoiffoit pas la manière de multiplier. Non
qu’on ne pût s’en inftnlire, même avec une atten>
tion médiocre; mais, le préjugé a aveuglé, & empêché
qu’on ne penfât à examiner. Dès qu’on :s’eft
défié de ce préjugé,, & qu’on a obfervé, on a vu
ces Animaux faire des oeufs, pu des petits, comme
tant d’autres. Ces Faits, que des Phildfophes
n’ont pu voir , ou plutôt, que le préjugé ne leur
a pas permis de chercher , ou de voir, peut-être,
quand ils étoient fous leurs y eu x; ces Faits, dis-
je, peuvent être découverts par des Enfans qui fe
font amufés pendant quelque tems à obferver des
Infettes. . C ’eft ce dont j ’ai eu le plaifir de faire
l’expérience il y a peu de tems.
I l eft bien vraifemblable, que, fans pîufieurs
préjugés qu’on s’eft faits, l’Hiftoire Naturelle feroit
plus avancée qu’elle ne l’eft: & il eft fur-.tout fort
apparent, que fi l’on n’avoit pas fuppofé, que les
Animaux ne pouvoient point multiplier par la fec-
tion , on connoi trait déjà depuis long-tems cette
propriété à pîufieurs. Tou t en effet paroiffoit inviter
à faire cette découverte. On avoit vu & admiré
depuis long-tems, que divers Animaux très
■ con