Polypes parfaits. J’ai nourri pendant fix femaines
une Hydre à fept têtes, avant qu’aucune de fes têtes
fe foit féparée.
L o r sq u ’on nourrit bien les Polypes à plufieurs
tê te s ,& ceux à plufieurs queues,ils multiplient comme
les Polypes ordinaires.
L a dernière Expérience que je viens de rapporter
, celle du Polype ouvert d’un bout à l’autre, auquel
j’ai donné plufieurs coups de cifeaux, a déjà pu
faire comprendre, que, de quelque manière, & en
quelque fens,que l’on coupe un Polype, on ne le tue
point, & qu’au contraire on en fait plufieurs d’un feul.
Afin de m’alfurer davantage de ce F a it , j’ai pouffé
plus loin l’opération dont je viens de parler. J’ai ouvert
fur ma main un Polype, je l’ai étendu, & j’ai
coupé en tout fens la peau fimple qu’il formoit,je l’ai
réduit en petits morceaux, je l’ai en quelque manière
hâché. Ces petits morceaux de peau, tant ceux qui
avoient des bras, que ceux qui n’en avoient point,
font devenus des Polypes parfaits. Il arrive quelquefois
, cependant, qu’on en voit mourir quelques - uns*
Cela vient, peut-être, de ce qu’ils font trop petits:
peut-être, auffi cela vient-il d’accidens qui auroient
fait périr un Polype entier.
O n doit obferver avec foin les morceaux de peau
dont je parle. Il faut les confiderer fou vent ; & , quand
ils commencent à être en état de manger, il faut leur
donner des portions de Vers extrêmement petites.
Mais, c’eft fur-tout en les changeant d’eau, qu’il faut
prendre des précautions ; fans quoi, on rifqueroit de
les perdre.
J’a i répété plufieurs fois avec fuccès cette Expérience.
T o u t Polype, qui vient de la .portion d’un Polype
coupé en deux, ou en plufieurs parties, de quelque
manière que ce foit, a toûjours, comme ceux
qui n’ont jamais été partagés, un canal qui régne'
du bout antérieur, jufqu’au bout poftérieur; c’eft-à-
dire, qu’il a toûjours un eftomac. J’ai été pendant
long-tems embarraffé de favoir comment cet eftomac
fe forme dans les Polypes qui viennent d’un fort
petit morceau de peau fimple, étroit & court, &
même, dans ceux qui viennent d’un Polype coupé
longitudinalement en quatre, ou en cinq parties ,
c’eft-à-dire, dans des Polypes, qui, d’abord après
la feûion, ne font que des morceaux de peau fimple
, minces & longs à proportion de leur épaiffeur.
On voit facilement, que les morceaux d’un Polype,
dont on a fait la coupe transverfale, quelque petits
qu’ils foient, forment toûjours une forte de tuïau,
fort court à la vérité, mais qui s’allonge à mefure
que ces morceaux de Polype s’étendent. Les portions
d’un Polype, coupé en deux fuivant fa longueur,
font encore affez larges pour que les bords
des deux côtés oppofés puiffent fe rapprocher, 6s
pour que chacun de ces deux morceaux, qui d a-
bord n’étoit, fi je puis parler ainfi, qu’un demi tuïau,
deviennent enluite un tuïau entier. C eft ce que
j’ai vu très fouvent, comme je l’ai dit ci-deffus. Mais,
en eft-il de même, par exemple, des portions dun
Polype, coupé longitudinalement en un plus grand
nombre de parties, qui font fort étroites? J ai été
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