
être, ferviront à répandre une foible lumière fur les
deux premières.
I l convient que je commence par une Digreffion
fur la caufe de la couleur des Polypes. Les Faits,
qu’elle renfermera, ferviront de bafe à ce que je dois
établir touchant les Queftions précédentes.
J’a i dit, dans le premier Mémoire #, que les Polypes
n’ont pas toujours la même nuance de couleur, qu’elle
varie dans le même Polype, qu’elle devient,tantôt
plus foncée, & tantôt plus claire, enfin qu’il la peut
perdre entièrement, & qu’alors il eft d’un blanc un
peu tranfparent. Tout cela eft très facile à obferver,
lorfqu’on examine de fuite les mêmes Polypes pendant
quelque tems. Il eft auffi très facile de s’apper-
cevoir , que ces changemens viennent du plus ou du
moins de nourriture que prennent les Polypes. Plus
ils mangent, plus leur couleur devient foncée ; & dès
qu’on les laiffe jeûner, elle devient plus claire.
L a couleur des Polypes de la fécondé & de la troi-
fiéme efpéce eft ordinairement d’un brun rougeâtre,
mais dont la nuance varie dans les individus de ces elpé-
ces,& approche plus ou moins du rouge, ou du brun.
A pr è s avoir nourri pendant quelque tems des
Polypes, j’eus lieu d’être perfuadé, que cette variété
de couleur venoit, non feulement du plus ou du
moins de nourriture que je donnois à ces Animaux,
mais auffi de la diverfité de la couleur même des
alimens qu’ils prennoient. Ce fut ce qui me fit pen-
fer, que fi les Polypes mangeoient des Infeftes d’une
couleur plus vive que celle des Mille-pieds & des Pucerons,
dont je les avois nourris jufqu’alors, ils en
prenprendraient
une plus marquée que celle que je leur
connoiffois. Mon but fut d’abord de les rendre d’un
beau rouge; & j’eus recours pour cela à ces Vers,
dont les inteftins font pleins d’une matière qui tire fur
le cramoifi * . J’en donnai à quelques Polypes de la * PL. vu.
troifiéme efpéce, qui n’avoient prefque aucune cou- Flg' 7‘
leur; & , dans un jour, ils furent teints en rouge. Je
réitérai l’Expérience fur ces Polypes, pour augmenter
la nuance de leur couleur rouge, & fur d’autres
de l’une & de l’autre efpéce: & je leur vis prendre à
tous la couleur de la matière qui étoit dans les inteft
tins des Vers que je leur avois donnés ; & cela, à proportion
de la quantité de cette matière qui étoit paf-
fée dans leur eftomac.
A p r è s avoir teint des Polypes en rouge, je me
propofai d’en teindre en noir. Je leur donnai, pour
cet effet, des morceaux de petites Limaces aquatiques
noires *: & , énpeu de tems , ils furent noirs. - Fig. ?.
Il eft arrivé diverfes fois, que les Polypes n’ont pas
bien digéré ces Limaces: alors,ils n’ont pris que peu
ou point leur couleur. J’ai fait manger à quelques-uns
de petits Têtards de Grenouilles qui étoient noirs, &
après les avoir digérés, leur corps a eu une nuance
de cette couleur affez foncée.
C es petites Araignées aquatiques, d’un beau rouge
, s’étoient trop fait remarquer , pour que je n’y
penfaffe pas. Il en coûta la vie àplufieurs,que je donnai
à des Polypes. Je commençai par les leur offrir
entières ; mais, m’étant apperçu que la plùpart
avoient de la peine à les avaler, j’enlevai la peau de
ces Araignées, & je la donnai feule aux Polypes.
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