
que ces Mille-pieds furent parvenus à l'endroit, où
fe faifoit la jonétion des deux eftomacs, ils pafférent
tous deux dans la portion commune , c’eft-à-dire ,
dans la partie poftérieure de l’eftomac de la mere
& il ne relia rien dans les portions d’eftomac réparées,
favoir, dans celui du jeune, & dans la portion
de celui de la mere, prife de l’endroit où le jeune for-
toi t , jufqu’à la tête. C ’eft. dans l’eftomac commun,
dans le relie de celui de la mere, que les deux Mille-
pieds furent digérés & réduits en une forte de bouillie.
Gette matière commença alors à être balottée
d’une manière fenfible dans le corps du Polype : .elle
alloit & venoit, de l’eftomac commun, dans les portions
féparées,& des portions féparées dans l’eftomac
commun. Quelquefois elle paffoi-t toute dans une de
ces portions féparées, & d’autres fois il en palfoit une
partie dans chacune. J’ai répété très fouvent cette
Expérience, & avec toute la variété dont elle ell fut
ceptible. ’
A p r è s avoir été témoin des Faits, que je viens
de rapporter, il ne m’était plus poffible de douter,
le moins du monde, de la communication qu’il y
avoit entre une mere Polype &■ fon petit. Il était
clair, que la peau de ce p e tit,. n’ell abfolument
qu’une continuation de celle de la mere , & que les
Polypes multiplient véritablement par rejettons,
comme nombre de Plantes.
I l y a plus, les jeunes Polypes, comme je l’ai déjà.
indiqué plufieurs fois, ne pouffent pas à un feul endroit
déterminé. On en voit fortir fucceffivement,
&. fouvent en même tems, de plufieurs- endroits : &
j’ôfe
j’ôfe même avancer, à l’égard de quelques Polypes que
j’ai nourris pendant plus de deux années, qu’il y a
peu ou point d’endroits de leur corps, dont .il ne foit
forti des petits.
L e s jeunes ne fortent pas , dans les Polypes à
longs bras, de la partie poftérieure, de cette efpé-
ce de queue que forme leur corps en fe retréciffant * p
Ils ne fortent que de l’autre partie *. Mais, quant F,g
aux Polypes de la fécondé efpéce, je leur ai vu pouf- “
fer des jeunes, même très- près de’ leur extrémité
poftérieure. Cependant, il ell vrai, que cela eft af-
fez -rare.
L a fécondé Expérience, que j’ai rapportée*, pour * p
prouver que l’eftotnac des jeunes Polypes communique
avec celui des meres, a pu en même tems faire
connoitre l’ulàge de cette communication. On a vu,
que le fuc nourricier, extrait des alimens dans l’efto-
mac de la mere Polype, étoit porté dans l’eftomac
du jeune.. C ’eft à quoi fert ce mouvement qui fe fait
quelquefois remarquer dans les Polypes, & dont j’ai
prouvé la réalité dans le Mémoire précédent *. J’y ai » p
fait voir, que ce mouvement fert à répandre le fuc
nourricier dans tout l’eftomac, & même à le conduire
dans les bras , d’où il eft -enfuite renvoié dans le corps.
I l étoit bien vraifemblable, que les alimens digérés
dans l’eftomac d’une mere Polype, & paffés en-
fuite dans l’eftomac de fes petits, fervoient à les nourrir
Mais, j’ai cherché à avoir une démonftration
parfaite de cette vérité, & elle n’a pas été difficile a
trouver.
J’a i donné à diverfes mères Polypes de ces ali