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de partie Le jour fuivant deux nouveaux bras commencèrent
à fortir; & quelques jours après il en vint
encore trois. Cette fécondé partie en eut alors huit,
qui furent tous en peu de teins auiïi longs que ceux
de la première partie, c’eft à dire, que ceux qu avoit
le Polype avant qu'il fut coupé.
J e ne trouvai plus alors de différence entre cette
fécondé moitié, & un Polype qui n’avoit jamais été
coupé. C ’eft ce que j’avois remarqué, à l’egard de la
première, dès le lendemain de l’opération. Toutes
deux paroiffoient fenfiblement,lorfque jeles.obfervois
à la loupe avec toute l’attention dont j’étois capable,
elles paroiffoient, dis-je, fenfiblement être chacune
un Polype complet, & elles en faifoient toutes
les fondions qui m’étoient connues : Elles s’éten-
doient, fe contradoient, & marchoient.
M o n Expérience eut donc beaucoup plus de fuccès
que je n’en attendois. Mais, fuivant 1 intention
de cette Expérience, j’aurois dû conclure pofitive-
ment, que les Polypes étoient de» Plantes, & des
Plantes qui venoient de bouture. Cependant je fus
fort éloigné d’ofer le décider. Plus j’avois obfervé
des Polypes entiers, & même ces deux parties dans
lefquelles s’étoit faite la reprodudion dont je viens. de
-parler, plus leur mouvement avoit réveillé dans mon
efprit l’idée d’un Animal. Ce mouvement paroif
foit réfulter d’une fpontanéité, qui a toujours été cen-
fée étrangère aux Plantes, & que nous connoiffons
dans les Animaux par une infinité d exemples. Tout
ce que j’avois fait pour me tirer du doute, n’avoit
fervi qu’à m’y jetter davantage. Je refolus donc de
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redoubler mon attention, & de tâcher de découvrir
dans les Polypes quelque propriété plus ca-
radériftique.
T o u s ceux qui fe font appliqués à comparer les
Plantes & les Animaux, & qui ont pu juger des
grands rapports qui fe trouvent entre ces - deux claf-
fes de corps organifés, ont fenti la difficulté qu’il y
a à marquer précifément les Caradères propres qui
les diftinguent l’une de l’autre. Les reflexions que
j’entendois faire, & que je faifois fur cette matière,-
ne fervoient pas peu à me confirmer dans le doute où
j’étois à l’égard des Polypes, & à m’engager à chercher
en eux de nouvelles propriétés propres à m’en
tirer. Une autre chofe, que j’avois apprife depuis
peu,-vy contribua auffi beaucoup. C ’eft la découverte
faite fur les Pucerons.
M e. deReaumur a foupçonné, il y a longtems, que
ces petits Animaux pouvoient multiplier fans s’être
accouplés depuis leur naiffance. Mr. Bonnet entreprit,
dans le mois de Mai de l’année 1740., de s’affurer
de ce Fait. On a vu dans le treiziéme Mémoire'du
fixiéme Tome de l’Hiftoire des Infedes de Mr. de
Reaumur, le fuccès que l’attention & la fagacité de
Mr. Bonnet ont eu. Il a trouvé, & prouvé par des
Expériences faites avec toutes les précautions requi-
fes, qu’un jeune Puceron multiplioit, quoique tenu,
depuis le premier inftant de fa naiffance, dans une
parfaite folitude. Mr. Lyonet aiant entrepris, dans
le mois de Juillet de la même année 1740, de faire
fur les Pucerons la même Expérience que Mr. Bon-,
net, eut le même fuccès que lui. J’appris le fuccès
C de