
ont mange : c’en ce que l’on comprendra mieux par
ce que je dirai dans la fuite. Si le Polype qu’on veut
changer d’eau eft fixé contre les parois d’un poudrier,
& que ce poudrier, n’ait pas befoin d’être net-
toié, il fuffira de jetter l’eau qui eft dedans. Quelque
rudement qu’on la verfe , elle n’entrainera point le
Polype, il reftera attaché au verre. On jugera encore
mieux de la force avec laquelle il tient contre
ce verre, en y mettant de nouvelle eau. L ’effort de
l ’eau qui tombe dans le verre en affez grande quantité
, de plufieurs pouces de hauteur, & l’agitation où
celle qui tombe tient l’eau qui eft déjà dans le poudrier
, ne fuffifent pas ordinairement pour détacher le
Polype. Son bout antérieur eft fimplement emporté
de tous côtés par cette eau agitée, mais le bout
poftérieur ne quitte point le verre. Il eft aifé de concevoir
que, pour réfifter à un pareil effort, il doit ê-
tre attaché avec affez de force.
C e t t e adhéfion eft volontaire. On a vu ci
deffus, qu’un Polype attaché & détache fucceflive-
ment, en marchant, les deux extrémités de fon corps
& fes bras. Il eft donc le maitre de vaincre cette
farce avec laquelle il eft attaché. Il s’agit de favoir
s’il la fur monte par un effort, ou par quelqu’autre
moien. Les Polypes font des Animaux trop petits,
pour qu’on puiffe faire fur eux des Expériences bien
fûres à cet égard.
M e. de Reaumur en a fait,avec fa fagacité ordinaire
, fur l’adhéfion de l’Oeuil de bouc. Après en a-
voir afligné les principales caufes, il applique ce qu’il
a dit de l’adhéfion de ce Coquillage, à celle des jambes
des
des Etoiles & des Orties de mer. Mr. de Reaumur a
trouvé, que c’eft furtout au moien d’une matière vif
queufe que ces Animaux s’attachent contre les corps,
que l’effet de cette colle, combiné avec l’engrainement
des parties de la peau de l’Animal, dans les irrégula-
ritez des corps fur lefquels il s’attache, produit cette
adhéfion de l’Oeuil de bouc. Ce Naturalifte a découvert,
que lorfque cet Animal veut fe détacher, il mouille
la bafe- de fon corps avec de l’eau qu’il en fait for-
tir, & que cette eau délaiant la colle qui le tenoit
attaché, fupplée à l’effort néceffaire pour vaincre cette
adhéfion. >, La bafe de l’Animal, dit Mr. de Reau-
„ mur * , en parlant de l’Oeuil de bouc, paroit rem-
„ plie d’une infinité de petits grains, elle eft comme
,, chagrinée ; une partie de ces grains font de petites
,, cellules pleines d’eau. On n’en peut douter, puif-
„ qu’ils la laiffent échapper lorfqu’on les ouvre en fai-
n fant une plaie à la bafe, quelque légère que foit cet-
« te plaie. Une autre partie des mêmes grains con-
„ tient la colle, ou la glu dont il s’agit, ou, fi l’on
» veut, quelques autres vaiffeaux la portent par tou-
» te la bafe. L ’Animal veut-il s’attacher, il exprime,
„ il fait fortir la glu des vaiffeaux qui la contenoient,
yj & preffe fa bafe ainfi humectée contre quelque
„ pierre que la mer a laiffée à découvert-pendant fon
y, reflux. Veut-il quitter la même pierre, il n’a pas
» befoin d’emploier une force égale à celle d’un poids
yj de trente livres, comme nous l’avons fait voir; il
y> n’a qu’à preffer les cellules qui contiennent l’eau ;
», l’eau s’échappe, délaie la colle, & l’Animal a la li-
j» berté d’aller chercher des alimens convenables.
F 3 In
* Mém.
de TAcado
pour Fan-
née 1711.
Pag. 113»