
* Figure 9 *. J’ai donné à ces Animaux le nom de Polypes
à pannache, pour les diftinguer des autres Polypes.
E N cherchant des Polypes v erds au mois d’Avril
1741, je trouvai, comme je l’ai déjà dit, les premiers
Polypes de la fécondé efpéce que j’ai vus. Ce fut en
même tems que je découvris les Polypes à pannache.
Il y en avoit plufieurs, fur les Plantes aquatiques,
que j’avois raffemblées dans des verres pleins d’ea,u.
Ces Polypes à pannache excitèrent extrêmement ma
curiofité. Ils réveillèrent d’abord dans mon efprit l’i-
* pl. x. dée d’une fleur épanouie #, & comme il y en avoit
Fîgâ/e'. plufieurs enfemble, ils formoient une forte de bou-
* Fig- 9* quet *. Il faut que je décrive un peu plus en détail
la ftrufture de ces Animaux , afin que je puiffe me
faire mieux entendre, lorfque j’en viendrai à leur manière
de multiplier par rejettons.
Fig'l'iU ’a t ' L e u r corps * a environ une ligne de longueur,
* lig!?.«. ’ fans compter le pannache *,qui eft prefque aufli long
V»?kdic, que le corps. Celui-ci eft fort mince, il eft' à peu
près cylindrique, & fa peau eft parfaitement tranfpa-
rente. Le pannache n’eft qu’une continuation de cette
peau tranfparente; il eft fort large à proportion du
» pl. X. corps, & d’une figure très remarquable. Sa bafe *
Fig-s- tac- e(4 fa;te en forme de fer de cheval, & des bords de
* ad,ad,ad. cette bafe fortent les bras * du Polype: ils font tous
un peu recourbés en dehors.- Le pannache, qu’ils forment
par leur affemblage, a l’air d’une fleur monopétale
épanoüie. Ces bras font fort près les uns des
autres : j’en ai compté au-delà de foixante à un feul
pannache. On pourroit les comparer, par rapport à
leur épailfeur & à leur tranfparence, à des fils de
verre très fins. La bafe du pannache eft creufée en-
goutiére, elle tient au Polype par le milieu # du fer * p l . xi
à cheval qu’elle forme, & c’eft-là qu’eft une ouvertu- 1§' 8' ''
r e , qui fert de bouche à cet Animal, Ses inteftins # * cb,fg,fo»
fe diftinguent facilement à travers la peau tranfparente
de fon corps. Ils font d’un brun affez foncé dans
les Polypes qui ont bien mangé. Après avoir obfer-
vé pendant quelque tems les Polypes à pannache, &
être parvenu à les voir manger, j’ai été en état de
diftinguer trois parties principales dans leurs intef
tins, favoir, l’éfophage #, l’eftomac ff, & l’inteftin *eb. t fs-
droit * f a-
C e s Animaux o n t, ce me femble , encore plus
l’air de Plante , que les Polypes à bras en forme de
cornes. Aufli de très habiles Naturaliftes en ont - ils
pris diverfes efpéces, qu’ils ont remarquées lur la fu-
perficie de différentes prétendues Plantes marines,
pour des fleurs & pour des racines. S ’ils avoient eu
occafion d’obferver dans ces Polypes à pannache marins,
une propriété, qu’ils ont apparemment,aufli-bieti
que les nôtres d’eau douce, ils auroient reconnu ces
Animaux pour ce qu’ils étoient. Ils font voraces, &
même très voraces, au moins ceux de l’efpéce que
j’ai obfervée. A la vérité, ils ne peuvent manger
que des Animaux fort petits, mais en un jour ils en
dévorent un grand nombre. Le pannache des Polypes
eft, pour ces petits Animaux, un goufre dans lequel
font précipités la plupart de ceux qui en approchent
en nageant. Si l’on obferve attentivement à la
loupe des Polypes à pannache, placés dans de l’eau
bien peuplée de fort petits Infectes, il fera très facile,
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