V oici quel eft l’autre pas dont j’ai parlé. Soit le
* pl. ni. Polype a b fsj fixé par le bout poftérieur b contre
Fig' I0, les parois d’un verre, & dont le corps & la plupart
des bras foient étendus en avant. Un de fes bras ac,
eft fixé contre le’ verre en c. Quand le Polype eft
dans cette attitude, il détache le bout poftérieur b ,
contracte un peu le corps , ce qui fait que le bout
poftérieur eft un peu rapproché du point c. Ce bout
là eft fixé d’abord contre' le verre en d, après quoi
le Polype réitéré la même manoeuvre, & fixe fon
bout poftérieur au point e. J’ai vu quelquefois le
bout poftérieur fe détacher & s’attacher fucceflive-
ment, après que le corps s’étoit un peu contracté,
trois & quatre fois de fuite.
T o u t ce que j’ai dit du mouvement progreffif
des Polypes, fe rapporte également aux trois efpéces
qui me font connues. Dès qu’on prend goût à ob-
ferver des Infectes, on ne peut que voir avec plaifir
exécuter aux Polypes tous les mouvemens dont je
viens de parler.
L e s Polypes parcourent en marchant le fond de
l’eau, ils montent le long de fes bords, ou des Plantes
aquatiques ; fouvent ils parviennent jufqu’à la fu-
perficie de l’eau, & s’y tiennent fufpendus par leur
* pl. i. bout poftérieur #. J’en ai même vu qui y étoient
* pl4'ii'. pendus par un feul bras #, mais c’eft là une attitude
Fig‘ 4' f* extraordinaire, au lieu que l’autre eft fort commune.
Les Polypes marchent à la fuperficie de l’eau, comme
fur les corps dont j’ai parlé jufqu’à préfent. Ils
font en deffous de cette fuperficie. On peut leur
voir faire dans un verre les mouvemens qu’ils font
dans
dans les grandes eaux : c’eft mêmefice qui en donne
les premières idées. Ils paffent de dèffus les Plantes,
ou de deffus les autres corps auxquels ils font attachés
lorfqu’on les tire de l’eau, fur le fond ou fur les
cotés du verre dans lequel on les met. Ils montent
le long des côtés, jufqu’à la fuperficie de l’eau, paffent
fous cette fuperficie, s’y arrêtent, ou la traver-
fent en marchant, & vont fur l’autre côté dû verre,
qu’ils parcourent enluite.
C omme les Polypes font leurs pas très lentement,
& mettent fouvent un intervalle affez confidéràble
entre chaque pas, ils emploient beaucoup de tems
pour parcourir un petit efpace. A juger par le grand
nombre que j’ai tenu dans des verres, fept ou huit
pouces de chemin font une bonne journée d’Eté
pour les Polypes. Lorfqu’il fait moins chaud, ils
font encore plus lents, & par conféquent ils avancent
moins. Des trois efpéces que je connois , les Polypes
verds font les plus vifs. Quoiqu’ils faffent leurs
mouvemens avec lenteur, on peut dire qu’ils les font
vite, en comparaifon des Polypes des deux autres
efpéces.
P our juger comment un Polype fe foutient à la
fuperficie de l’eau, il fuffit d’examiner à la loupe a-
vec attention l’extrémité poftérieure d’un de ces A-
nimaux qui y font fufpendus *. Cette extrémité
eft hors de l’eau , elle eft à fec au fond d’un petit
creux #, dont elle même forme le fond, & dont l’eau
forme les bords: & pour fe perfuader que cette cir.
confiance eft abfolument néceffaire pour que le Polype
puiffe être foutenu à la fuperficie de l’eau, il n’y a
E 3 qu’à
* pl. r.
Fig. 4. pii
*S.&PL.III_
Fig.11.6&f,