
priété n’étoit connue jufqu’alors que dans des Plantes.
On ne pourroit que fe confirmer de plus en plus dans
cette idée, fi on les confidéroit enfuite par rapport à '
d’autres propriétés que nous avons fait connoitre. En
effet, qui ne croiroit que ces Polypes font des Plantes,
& non des Animaux, fi, après avoir appris
qu’ils peuvent être multipliés par bouture, on enten-
doit dire qu’ils multiplient naturellement par rejet-
tons, & qu’ils peuvent être greffés? On ne ferait,
en les regardant comme Plantes, que fuivre des régies
généralement reçues fur la nature des1 Plantes &
des Animaux. Mais, à la vérité, en fuivant ces mêmes
régies, on ne pourroit non plus difconvenir que
ces Polypes ne foient des Animaux, quand on ob-
ferveroit leur mouvement progrefïif, & fur-tout,
quand on leur verrait faifir des Infeûes, les porter à
la bouche avec leurs bras, les avaler, & les digérer.
M a i s , quelle idée devrait-on fe faire des Polypes
, fi l’on ne confultoit que les régies formées fur
les propriétés, connues jufqu’à préfent dans les Plantes
& dans les Animaux; quelle idée, dis-je, devroit-
on s’en faire, en penfant à la propriété qu’ils ont de
pouvoir être retournés fans périr, & même fans qu’il
fe faffe en eux aucune altération fenfible ? Comme
cette propriété, n’eft, fi je ne me trompe, connue
dans aucune Plante, ni dans aucun Animal, il faudrait
donc condure, qu’à cet égard, les Polypes ne
font, ni Plante, ni Animal.
S i donc on s’en tenoit fcrupuleufement aux idées
qu’on s’eft faites affés généralement fur la nature des
Plantes & des Animaux, il s’enfuivroit, qu’un Polype,
pe, vu les différentes propriétés qu’il renferme, ferait
en même tems Plante & Animal, & ne ferait ni
Animal, ni Plante.
O n peut juger par-là combien font peu fûres ces
régies prétendues générales, dont il eft queftion.
Indépendamment de la preuve que les Polypes nous
en fourniffent, il eft facile de fentir, que les Plantes
& les Animaux ne nous font pas allés connus,
pour que nous puiffions faire des régies générales fur
leur nature. Je m’explique à l’égard des Animaux.
Q_u a n d je dis, qu’ils ne nous font pas affez
connus, j’entends que nous n’en connoiffons pas un
affés grand nombre; & que ceux, qui nous font
connus, ne le font pas affés.
J e crois pouvoir pofer ici pour principe, fans
rien hazarder, qu’il y a des Animaux inconnus :
& je demande enfuite, fi nous pouvons faire des
régies générales qui fe rapportent à ces Animaux
inconnus? Pour le pouvoir, il faudrait etre affûté,
qu’il y a un parfait rapport entre les Animaux inconnus,
& ceux qui nous font connus. C ’eft ce qu’on
ne fauroit prouver, & , au contraire, la diverfité des
propriétés, qui fe trouvent dans les Animaux connus,
femible donner lieu d’inférer que les Animaux
inconnus en ont, dont nous n’avons encore aucune
idée.
J e fuppofe qu’on n’eût d’abord connu que les
Animaux qui ne font fiijets à aucune transformation,
aurait-on eu raifon de dire, que les Animaux
en général ne pouvoient point pafler par differens
états? E t aurait-on pu, fondé fur cette régie, lorfi
Q q qu’on