
lieu de le faiïïr fur le champ, comme il l’auroit fait,
fi ç’avoit été une proie convenable, ce dernier -, dis-je,
ne faifoit aucun mouvement qui tendît à 1 arrêter :
il le laifioit gliffer fur fes bras, & tomber au fond du
verre ; ou, s’il refont attaché aux bras , ce n’étoit
pas pour long-tems.
J’a u r a i occafion dans la fuite de décrire comment
je fuis parvenu à introduire un Polype dans
l ’eftomac d’un autre Polype, & à le forcer à y relier.
Je me contenterai de dire à préfent, qu’aucun des
Polypes, fur lefqûels j’ai fait cette Expérience, n’eft
mort, quoique quelques-uns foient reliés quatre ou
cinq jours entiers dans l’eftomac. E t il importe de
remarquer, que, de tous les Animaux dont j ai parié
, qui fervent de nourriture aux Polypes , je li’en ai
trouvé aucun qui pût vivre dans leur eftomac plus
d’un quart d’heure. J’ai fouvent tiré de ces Animaux
en vie de l’eftomac, lorfque j’ai obligé les Polypes à
les rendre d’abord après qu’ils les avoient avalés;
mais pour peu que j’aie tardé, je les ai toujours trouvés
morts. ,
J’a i nourri des Polypes de la fécondé & de la troi-
fiéme efpéce, dans toutes les faifons de 1 année, &
j’ai appris par-là , qu’il n’y en a aucune dans laquelle
ils ne mangent, excepté dans ce tems de l’ü y v e r ,
où l’eau a un degré de froideur, fort péu éloigné de
celui de congélation. Le froid qui les engourdit, &
qui leur ôte l’aftivité néceflaire pour chercher à manger,
& pour faifir les proies qui fe préfentent, leur
rend tout aliment inutile, en leur faifaht perdre entièrement
l’appétit. Lorfque, dans ce tems-là, on
fait
fait tomber un Ver fur leurs bras, ils ne paroiffent
avoir aucun goût pour lui, ils ne l’arrêtent point.
M a i s , à mefure que la chaleur augmente, leur
appétit renaît, & ils acquiérent en même tems les
forces nécelfaires pour exécuter les manoeuvres re-
quifes, pour attraper des Animaux. C ’ell auffi dans
ce tems, que la plupart de ceux qui leur fervent de
nourriture , revenant de l’état d’engourdilfement où
le froid les avoit mis , ou fôrtant des oeufs qui avoient
été dépofés auparavant au fond des eaux, commencent
à paroître, & à s’expofer eux-mêmes , en allant
& venant, aux pièges que leur tendent les Polypes.
I l n’ell pas poflible de marquer avec précifion la
proportion qu’il y a entre l’augmentation de la chaleur
,• & celle de l’appétit des Polypes. Le changement
, que produifent quelques degrés de chaleur de
plus ou de moins, n’eft pas affez fenfible. Il fuffit de
dire,que cet appétit eft beaucoup plus grand en E té ,
& qu’alors la voracité des Polypes eft même très remarquable.
Il eft ordinaire de leur voir avaler un
V e r , pour le moins auffi épais qu’eft leur corps lorsqu'il
eft étendu, & trois ou quatre fois auffi long Pi
J’ai déjà dit, qu’ils peuvent manger, dans un feul repas,
une dixaine de Pucerons, ou bien trois ou quatre
Mille-pieds. Quand on compare le volume des
alimens que les Polypes peuvent prendre en une feu»
le fois, avec celui de leur corps, on trouve que le
premier de ces volumes eft trois ou quatre fois plus
grand que le fécond.
Quel que grande que foit la quantité d’alimens
qu’ils prennent en Eté en une feule fois, ils l’ont
P 3 beau*
* PL.
Fig. 4»