
m’a paru qu’ils étaient furtout raffemblés dans les
endroits où le Soleil donnoit. Peut-être que fa lumière
a quelque attrait pour eux. C ’efl au moins ce
qui eft certain à l’égard de celle d’une chandéle. Voici
l’Expérience qui me l’a perfuadé.
J’ o b s e r v o i s , à la lumière d’une bougiej des Polypes
auxquels j’avois donné plufieurs Pucerons pendant
la journée. Il en étoit relié le foir une partie dans le verre
que les Polypes n’avoientpu manger. Je m’apperçus
qu’ils étoient pour la plupart réünis du côté de la bougie.
Je la changeai de place; ils en changèrent aufTi,
& fe rendirent du côté où je l’avois ffiife. Après l’avoir
changée plufieurs fois de place, & avoir vu que
les Pucerons ne manquoient jamais de s’en approcher,
je la fis tourner, à la vérité un peu lentement, au tour
du verre, fans l’arrêter .-ils la lui virent, & firent de cette
manière plufieurs fois le tour du verre. J’ai eu
plufieurs occafions de répéter cette Expérience.
S i l’on jette tout d’un coup un grand nombre de
Pucerons dans un verre Ou font des Polypes affamés,
leurs bras en font bientôt garnis. J’enaivuquiavoient
la longueur de quelques pouces, & qui étoient fi garnis
de Pucerons, d’une extrémité à l’autre, qu’ils en
étoient entièrement couverts. Le mouvement de
tous ces petits Animaux, qui font des efforts pour
s’échaper, oblige les bras à fe contraéler. On ne
voit bientôt qu’un amas confus de Pucerons, qui
font raffemblés près du bout antérieur du Poly-
« pl. vu. Pe *■ P les avale alors les uns après les autres, juf-
Fig. i, a. qu’à ce qu’il foit entièrement plein. S’il y en a après
cela qui foient encore attachés à fes bras, ils y relient
foufouvent
pendant du tems, quelques fois ils meurent,
& d’autres fois ils s’échappent.
S i un Polype n’a pas d’abord pris allez de Pucerons
pour fe ralfafiér, fes bras relient en partie étendus,
& font encore prêts à faifir une proie. Ils arrêtent,
par exemple, les Pucerons qui fe préfentent,
ils les portent à la bouche, & le Polype les avale. De
cette manière, un Polype, placé dans un endroit où
il elt toûjours à même de faifir une proie, ne fera jamais
à jeun. Bien entendu qu’il ne foit point dégoûté
: car l’on en voit fouvent qui celfent de manger
pendant quelque tems, & qui refufent d’arrêter
les proies qui fe préfentent, quoiqu’ils aient l’ellomac
vuide. Quelques fois ce dégoût ell le commencement
d’une maladie mortelle ; & d’autres fois il ell
fuivi d’un retour d’appetit.
T a n t que j’ai pu me procurer abondamment des
Pucerons pour nourrir mes Polypes, je les ai préférés
à toute autre nourriture. Il n’y en a point qui
foit plus facile à raffembler. Je me fers pour cela d’une
efpéce de cerceau de huit à dix pouces de diamètre,
fait d’un cercle de fil d’archal, auquel ell attachée une
poche de toile claire. Je l’ajulle au bout d’un bâton,
je le mets fous l’eau, dans un endroit bien rempli de
Pucerons, je le tiens un peu incliné, & je le promène
dans l’eau, partout où je puis atteindre. Les Pucerons
font raffemblés dans le cerceau, je les tire en-
fuite de l’eau, & je les mets dans une petite quantité
d’eau, qui en devient toute fourmillante ; je vais enfin
mettre,dans chacun de mes poudriers,quelques goûtes
de cette eau, & avec elles des centaines de Puce-
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