
tomac du Polype eft fort plein, & quand les alimens
qu’il a avalés, ne peuvent pas fe réduire en petites
parties, on ne leur voit faire aucun mouvement, & ils
ne peuvent pas en faire. Ils n’ont pas la liberté d’aller
& de venir, dans un efpace qui eft entièrement
rempli, & dans lequel ils font fort génés : ils ne peuvent
pas céder à l’aftion qui met en mouvement les
alimens qui font moins ferrés, & plus brifés; mais,
il eft cependant très vraifemblable, que cette action
a toujours également lieu dans le P o lyp e , mais
qu’elle produit fon effet fur les alimens, d’une manière
infenfible. Il eft bien naturel de penfer, que la cau-
fe , qui produit ce balottement des alimens dans l’ef-
tomac des Polypes, eft une forte de mouvement pé-
riftaltique, qui fe fait en divers fens. On conçoit facilement,
qu’il peut dans les Polypes, comme d'ans
d’autres Animaux, contribuer beaucoup à la digeftion.
C e mouvement périftaltique répand le fuc nourricier
dans tout l’eftomac des Polypes. Cela ne paroit
pas fort néceffaire dans ceux de la fécondé efpéce,
parce que cet eftomac fe remplit ordinairement d’abord
d’alimens, d’une extrémité à l’autre. Mais, il
n’en eft pas de même de ceux à longs bras. Leur
corps, comme on l’a déjà v u , fe rétrécit confidéra-
blement, environ aux deux tiers de fa longueur, &
refte tel jufqu’à fon extrémité poftérieure. L ’eftomac
eft par cela même confidérablement rétréci
dans cet endroit-là. Les alimens, qu’un Polype
à longs bras avale, s’arrêtent la plupart du tems
dans l’endroit où commence ce retréciffement, & ne
xempliffent que la partie de l’eftomac, qui eft la plus
iarlarge.
Il eft néceffaire, dans ce cas, que le fuc nourricier,
lorfqu’il a été féparé, foit porté dans cette
partie étroite de l’eftomac , dans laquelle des frag-
mens grofliers ne fauroient entrer. C ’eft donc là l’effet
que produit le mouvement périftaltique , qui fe
trouve dans les Polypes: & , pour s’en affurer, il
fuffit de donner à quelques Polypes des alimens qui
fourniffent un fuc d’une couleur un peu v iv e , par
exemple, de ces Vers plats * , dont les inteftinS font
pleins d’une matière^ rouge. Dès que cette matière
rouge commence à fortir de leur corps, & à fe répandre
dans la partie large de l’eftomac, elle eft en-
fuite bientôt pouffée dans la partie étroite : on la voit
parvenir jufqu’à Ton extrémité , & s’y raffembler en
une quantité très fenfible.
C e n’eft pas-là le feul canal étroit, dans lequel les
alimens doivent être portés. Il s’en trouve plufteurs
dans les Polypes des deux efpéces, fur lefquels j’ai
fait mes Expériences. Ces canaux font les bras de
ces Polypes. Ils font percés en dedans, & forment,
comme le corps même des Polypes, une efpéce de
boïau. Chacun de ces boïaux, que forment les bras
des Polypes, communique avec celui que forme le
corps : il s’ouvre dans l’eftomac ; & c’eft par le trou
de communication que les alimens font chaffés, par le
mouvement périftaltique, de l’eftomac dans ces bras.
J’a i commencé à m’en affurer, lorfque j’ai obfervé
des Polypes qui avoient fucé la matière rouge, qui
eft dans les inteftins des Vers plats dont je viens de
parler. En examinant avec attention, à la loupe, les
bras de ces Polypes, près de leur origine, j’ai vujque
Q. 3 k
* PL
Fig.