
pris, & cette furprife ne fervit qu’à exciter ma curio-
fité, & à faire redoubler mon attention. Comme je
parcourois fans celle de l’oeuil, aidé d’une loupe, plu-
fieurs des Polypes que j’avois fait contracter, j en vis
bientôt qui commençoient à s’étendre: leurs bras redevinrent
fenfiblesy & peu à peu ces Polypes reprirent
leur première forme.
C e t t e contraction des Polypes, & tous les mou-
vemens que je leur voiois faire lorlqu ils s étendoient
de nouveau , réveillèrent vivement dans mon efprit
l’idée d’un Animal. Je les comparai d abord aux L imaçons
, & à d’autres Infeétes qui fe contractent
& s’étendent.
O n s’étonnera peut-être, de ce que je ne décidai
pas abfolument que les Polypes étoient des Animaux.
J’avoue que leur figure & leur couleur firent encore
quelqu’impreflïon fur moi. Je penfai qu’il n’étoit pas
impoflible qu’ils ne fulfent des Plantes fenfitives; &.
je ne trouvai rien de plus extraordinaire dans leur
contraction & dans leur extenfion, que dans les mou-
vemens qui fe font remarquer lorlqu’on touche la
Plante à laquelle ce nom a été donné. Cette idée me.
retint donc dans quelque doute, & je ne voulus rien,
décider, jufqu’à ce que de nouvelles Qbfervations m’y
déterminalfent.
J e trouvai,au bout de quelques jours,plufieursPolypes
fixés contre les côtés du verre, à un endroit où
je n’en avois encore-point vus, & où certainement il
n’y en avoit point eu d’abord. Je mapperçus bientôt
comment ils y étoient venus. Plufieurs marchèrent
fur les parois du verre pendant que je les obfenvois.
Je décrirai ailleurs leur manière de marcher,
& me contenterai de dire ic i, qu’ils marchent à peu
près comme les Chenilles.appellées arpenteufes; &
comme divers Infeûes aquatiques, qui fixent fucceffi-
vement leur bout antérieur & leur bout poftérieur ;
le poftérieur après l’avoir approché de l’antérieur, &
l’antérieur après l’avoir éloigné du poftérieur.
L a vue de ce mouvement progreffif des Polypes
acheva de me perfuader qu’ils étoient des Animaux ;
& lorfque j’en fus convaincu, je ceffai de les obferver.
J’avois trouvé ce que je cherchois ; car jufqu’alors je
ne m’étois propofé autre chofe, que de favoir fi c’é-
toient des Animaux. Prefque tout le mois de Septembre
1740. fe paffa, fans que je leur donnaffe la
moindre attention. J’étois alors occupé par d’autres
Infectes que j’obfervois depuis longtems. Mais vers
la fin de ce mois de Septembre, les Polypes attirèrent
de nouveau mon attention, & fi fort, que depuis
je n’ai celle de les obferver.
O n doit fe rappelier que mon verre étoit placé
fur la tablette intérieure d’une fenêtre. Je remarquai
un jour, qu’un grand nombre de Polypes étoit raffem-
blé fur le côté du verre tourné vers le jour. Je fus
d’abord curieux de favoir, fi ce Fait n’étoit qu’accidentel
, ou bien s’il réfultoit d’un penchant marqué que
les Polypes euffent pour l’endroit du verre le plus
éclairé. Pour m’en affurer, je fis faire un demi tour
au verre. Le grand nombre de Polypes fe trouva
alors fur le côté le moins éclairé de ce verre, & le cô-
* té qui étoit tourné vers le jour, n’en avoit que quelques
uns. Il s’agiflbit donc de voir,, fi le grand nombre
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