
me flattois même, comme je l’ai dit, que leur manière
naturelle de fe multiplier me fourniroit un Caractère
diftinétif, & propre à me tirer du doute où j’étois.
O n voit dans les Lettres de Leeuwenhoek, & de
l ’Anonyme Anglois, imprimées dans les Tranfactions
Philofophiques pour l’Année 1703, que les premiers,
& à ce qu’il paroit, les feuls Polypes que ces deux
Naturaliftes aient obfervés, étoient en train de multiplier
, lorfqu ils les ont trouves. Quelque nouveau
que fût pour eux le Fait lingulier que leur préfentoit
cette multiplication des Polypes, ils ne s’y trompèrent
point; & frappés par cette merveille, ils donnèrent
toute leur attention aux progrès des jeunes
Polypes, jufqu’à ce qu’ils-fulfent parfaits, & qu’ils fe
fulfent féparés de leur mere.
J ’ i g n o r o i s la découverte de ces deux Naturaliftes,
lorfque le hafard me préfenta les Polypes, &
je ne reconnus pas d’abord leurs petits pour ce qu’ils
étoient. Il y avoit cependant...plufieurs Polypes,
parmi les premiers que j’ai découverts, qui produi-
foient des petits. Je m’étois peu arrêté à les confidé-
rer, ne m’étant point encore prôpofé d’obferver de
fuite des Polypes; & , lorfque je'me mis à les étudier
avec foin, il ne s’en trouva plus dans mon verre
qui fulfent en train de multiplier.
C e fut dans le mois de Décembre 1740, que je
commençai à chercher quelle étoit la manière naturelle
de multiplier des Polypes. Je n’apperçus rien
pendant ce mois là , pendant celui de Janvier , &
une partie de Février 1741, qui me donnât, lieu de
me flatter, que je parviendrais à fatisfaire ma curiofité
D E S P O L Y P E S . 111. Mêm. 151
té fur cet article. C ’eft fur quoi je ne pouvois guè-
res compter en Hyver: mais, j’attendois avec impatience
le tems favorable à la Végétation des Plantes,
& à la Multiplication des Animaux. Celui, où je de-
vois trouver ce que je cherchois, arriva même plutôt
que je ne l’efperois. Le 25 Février, j’obfervois avec
une loupe un Polype verd, qui étoit fixé fur le côté
du verre, dans lequel je tenois tous ceux, qui n’é-
toient pas emploiés à quelque Expérience particulière.
J’apperçus, fur fon corps, une petite excrefcen-
ce d’un verd foncé. Quelque petite que fut cette
excrefcence, elle attira toute mon attention, parce
que je n’avois jamais rien vu de pareil fur aucun Polype
j quoique j’en euffe déjà obfervé un affez grand
nombre. Le Polype, fur lequel elle étoit, fut dès
ce moment très précieux pour moi; & , de peur de
le confondre avec plufieurs autres qui étoient dans le
même verre, je l’en tirai, & je le mis à part dans un
autre. Il s’attacha contre le côté du verre-; & par
bonheur il fe plaça de manière, que je pouvois facilement
obferver, avec une forte loupe, l’excrefcence
qui paroiffoit fur fon corps. Dès le-jour même que
je la découvris , après l’avoir confidérée à plufieurs
reprifes, je trouvai quelque rapport entre fa ftruétu-
re, & celle du Polype dont elle fortoit. Je ne pouvois,
à. la vérité, fonder, fur un rapport aufîl incertain,
aucune décifion affurée. Mais, je commençai
à foupçonner, que cette excrefcence deviendroit un
Polype. L ’idée de ces Polypes que j’avois vus l’E té
précédent, fixés les uns fur les autres, me revint à
L’efprit. C ’eft fur-tout ce qui me fit penfer q u e l’ex