
beaucoup plutôt digérée, & ils font beaucoup plutôt
en état de faire un nouveau repas, que dans une
autre faifon.
L o r s q u ’i l fait chaud, la digeftion eft fouvent finie
au bout de douze heures : le Polype a déjà tiré,
de l’Animal qu’il a avalé, le fuc nourricier, & rendu
les excrémens : il s’eft déjà vuidé de ce volume con-
fidérable, qui remplilfoit fon eftomac : fon corps &
fes bras fe font étendus de nouveau. Il faut, pour
que tout cela fe fafle dans une faifon plus froide, fou-
vent deux ou trois fois vingt-quatre heures, fuivant
qu’il fait plus ou moins froid, quoique le Polype ait
beaucoup moins mangé, qu’il ne mange en Eté.
L e s Polypes rendent leurs excrémens par la bouche.
Je n’ai jamais rien vu fortir par l’ouverture
qu’ils ont à leur extrémité poftérieure.
I l en eft des Polypes, comme de la plupart des
Animaux voraces : s’ils peuvent manger beaucoup à
la fois , ils peuvent aufli refter fort long-tems fans
manger. L ’Hiftoire des Infeftes nous fournit les
exemples des Abeilles, des Fourmis, de diverfes efpé-
ces de Chenilles, de Vers, de Papillons & de Mouches,
qui paffent des mois entiers, fans manger quoi
que ce foit. Mais ce tems de jeûne eft aufli, pour
ces Infeûes, un tems d’inaétion, d’engourdiflëment,
que la. faifon froide occafionne. Us rie pourraient pas
refter fi long-tems fans manger en E té , lorfqu’ils font
en aftion, quoiqu’ils foutiennent même dans ce
tems-là de beaucoup plus longs jeûnes, que tant de
Quadrupèdes , & d’autres Animaux qui nous font
connus. Les Polypes, au contraire, peuvent, fans
moumourir,
fe palier très longtems de nourriture, dans
la faifon la plus chaude. J’en ai confervé alors dans
des verres, qui ont été privés de tout aliment pendant
quatre mois.
J e n’ai rien négligé, pour tâcher d’acquérir quelques
idées fur la manière dont les Polypes digèrent
leurs alimens, fur la manière dont ils en tirent le fuc
nourricier , & fur celle dont ce fuc pafle dans leur
corps, pour les nourrir. Je ne me fuis jamais flatté
d’acquérir là-deffus des idées fort précifes. Voici tout
ce que j’ai pu découvrir.
D ’a b o r d après que les Mille-pieds, & ces Ve r s ,
dorit je me fuis fouvent fervi pour nourrir les Polypes,
ont été introduits dans leur eftomac, ils y font fort
reconnoiffables : on les voit diftinélement, à caufe de
la tranfparence de la peau des Polypes; mais ils ne
fe diftinguent jamais mieux, que dans ceux qui n’ont
pas mangé de quelque tems #. Quand on obferve de * pl. v t
fuite ces Vers qui font dans l’eftomac, on s’apper- Flg‘ 5‘
çoit que peu à peu ils perdent leur figure, & enfin
on ne les reconnoit plus. La matière, dont ils font
compofés, a été réduite en une bouillie, qui renferme
des fragtnens, plus ou moins grands, des parties
les plus folides de ces Animaux. Tou t ce qu’on voit
porteroit à croire, que les alimens font d’abord macérés
dans l’eftomac des Polypes, & qu’enfuite le fuc
nourricier, en étant féparé, ils rejettent le refte par
la bouche.
L o r sq u ’o n nourrit plufieurs Polypes, on a fouvent
occafion de voir fortir par la bouche, ces excrémens
, qui font compofés de parties de matière allez
gran