
* PL.. XI.
Fia. 16. d.
mieux qu’il m’eft poffible, & j’étudie bien fa fituation.
Enfuite je prens de la main droite une foie de fan-
glier tiffez fine, qui eft noüée d’un côté: je la tiens
près de fa pointe & je la plante dans le corps du
Polype retourné, allez près de fes lèvres : elle les perce
, & pouffe la peau de ma main qui eft en deffous.
Alors je panche la main de forte que l’eau, qui eft
dans le creux, vient baigner le Polype; il en eft fou-
levé; & cela même fait qu’il s’embroche mieux. Dans
ce moment-là, je laiffe tomber doucement fur ma
main l’autre bout # de la foie de fanglier, je reprens
le pinceau, je pouffe avec fon bout le Polype vers le
milieu de la foie de fanglier #, & quand il y eft, j’en-
léve cette foie avec le P olype, & je la mets dans un
verre, * aiant foin de faire enforte, qu’elle ne le touche
que par fes extrémités * , .afin que le Polype,,
étant éloigné du fond & des côtés, ne puiffe pas s’y
appuier, & faire de grands efforts pour fe défembro-
cher de manière ou d’autre. Je mets le noeud * , qui
eft à la foie de fanglier, vers le bas, afin que, fi le
Polype gliffe, s’il tombe par fon propre poids, il foit
arrêté par ce noeud, & ne fe défembroche pas.
C e n’eft rien pour un Polype, que d’être embroché.
J e l’ai éprouvé de differentes manières, fur des
Polypes non retournés, fans que cela les empêchât
de manger, & de multiplier. Les Polypes retournés
ne paroiffent pas non plus en fouffrir.
I l eft facile de comprendre comment la foie de fanglier
, qui traverfe leur corps près de la bouche, les
empêche de fe déretourner.
J ’a 1 retourné un nombre confiderable de Polypes
de
de la fécondé efpéce, qui font reftés retournés, &
qui ont long-tems vécu. Ils ont mangé, crû, |fj
multiplié.
IL arrive fouvent, que les Polypes , qu’on retourne
& qu’on embroche pour les empêcher de fe
déretourner, fe déchirent un peu les lèvres, & que
par-là, il fe forme deux têtes. D ’abord ces têtes
n’ont point de col, mais, il leur en vient un lorfque
le Polype retourné croît; & , alors, il reffemble à
un Polype qu’on auroit coupé en partie fuivant fa
longueur, en commençant par la tête.
J’A 1 eu plufieurs Polypes retournés, qui n’ont eu
qu’une tête après l’opération, & dont la bouche é-
toit précifément la même bouche qu’ils avoient, a-
vant que d’être retournés.
J’a 1 nourri plufieurs petits, produits par des Polypes
retournés ; & j.e les ai vu multiplier.
L e s premiers Polypes, que j’ai retournés, n’a-
voient point de petits attachés à leur corps : mais,
dans la fuite, j’en ai retourné plufieurs qui. en a-
voient. Ces petits fe trouvent-, après l’opération,
en dedans du Polype. S’ils font déjà avancés, fi l’endroit
, par lequel ils tiennent à la mere, eft déjà fort
étranglé, ils s’en détachent en peu de tems, c’eft-à-di-
r e , au bout d’un jour ou deux ; mais, en attendant
qu’ils fe féparent, ils s’étendent dans l’eftomac de
leur mere retournée, & l’on voit leur tête, & une
partie de leur corps, qui fort par fa bouche. J’ai ordinairement
féparé, avant l’opération, les petits déjà
fort avancés qui fortoient des' meres que je voulois
retour