
L e s Polypes font rarement long-tems fans contrarier
des Poux. C’eft ce qui m’a obligé à prendre
plufieurs précautions pour les en délivrer.
I l s en contrarient même dans les foffés où ils fe
tiennent. J’en ai trouvé plufieurs fois, qui en étaient
fort garnis : & j’ai eu occaûon de m’alfurer, que ces
Animaux les font périr, auiïi-bien dans leur féjour
ordinaire, que dans les poudriers.
I I m’a paru, que les Polypes, qui font couverts
d’un grand nombre de Poux, perdent plus vite leur
couleur que les autres : & j’ai fouvent remarqué, que,
quoiqu’on leur donne autant à manger qu’à ces derniers,
ils ne prennent pas une couleur aufïï foncée
qu’eux.
L ’u s a g e m’a appris, qu’il étoit bon de changer
fouvent d’eau les Polypes. Il importe fur-tout de
mettre dans de nouvelle eau ceux qui font malades.
J’ai obfervé ordinairement de changer d’eau après
chaque repas. Cela prévient l’infeftion que les ex-
crémens peuvent donner à l’eau. J’ai vu des Polypes
fe pourrir, en quelque manière, dans une eau fort in-
feftée par des cadavres de Pucerons, & par des ex-
crémens.
S ’ i l s’agit de Polypes qui me foient précieux par
les Expériences que j’ai faites, ou que je fuis en train
de faire fur eux , je prens encore .plus de précautions.
Je tâche de les délivrer entièrement de leurs
Poux. Pour cet effet, je paffe plufieurs fois le bout
d’un pinceau fur tout leur corps : lorfque je ne puis
pas facilement vergeter les Polypes, je les agite dans
l’eau. Ce mouvement fert auffi à détacher les Poux.
I l
I l y a peu d’Infeûes qui n’aient leurs ennemis.
Les eaux fourmillent d’Animaux voraces, qui fe dé-"
truifent les uns les autres. T e l , qui en a dévoré plufieurs
, eft dévoré à fon tour, & fouvent par des Animaux
beaucoup plus petits que lui. Le Polype en
eft un exemple. Il eft redoutable à des Vers qui le
furpaffent de beaucoup en grandeur : il les dévore
tout vivans ; & de petits Infeftes,qu’on ne peut bien
diftinguer fans le fecours d’une loupe, les attaquent
& les font périr.
J’a i cherché s’il n’y avoit pas dans les eaux de plus
grands Animaux, qui mangeaffent les Polypes : j’ai
commencé par en préfenter à des Poiffons. Après
avoir nourri de Vers une Perche d’une petite efpéce,
pendant quelque tems, j’ai jetté un Polype dans le
verre où elle étoit. Ce Poiffon s’eft d’abord approché
du Polype, & l’a englouti; mais au lieu de l’avaler,
il l’a d’abord rendu, comme s’il avoit pour ce Polype
une grande répugnance. Il s’en eft encore rapproché,
il l’a englouti de nouveau, & l’a rejetté avec la même
promptitude. C’eft ce qui a été réitéré alors cinq à
fix fois de fuite. J’ai répété bien des fois cette E x périence
avec cette Perche. Jé lui ai offert très fouvent
des Polypes, elle a toujours entrepris de les avaler;
mais, à deux fois près qu’elle y a réüfïi, elle les
a toûjours rejettés, le moment même après les avoir
fait entrer dans fa bouche. Je lui ai préfenté un Polype,
qui tenoit dans fes bras un Ver qu’elle aimoit
beaucoup. Jepenfaique ce Poiffon feroit, peut-être ,
obligé d’avaler le Polype, en avalant le Ver. Il a>
en effet, d’abord englouti & le V e r ,& le Polype;
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