
82 MEMOIRE S PO U R L’H I S T O IR E
m’affurer davantage de ce Fait, je mis quelques Polypes
à part, dans de petits verres plats, avec des Mille
pieds. Dès la première fois que je vins les confidé-
r er , je trouvai un Polype qui avaloit en effet un
Mille-pieds : & comme j’étois déjà plus accoutumé à;
ces objets, je diftinguai enfuite très clairement le Mille
pieds dans le. corps du Polype. Je n’eus donc preff
que plus lieu de douter, que les Polypes ne biffent
des Animaux voraces.:
J e me hatai d’autant plus de faire de nouvelles
Expériences pour vérifier ce Fait , que j’étois très curieux
de fa voir comment les Polypes fàififfoient leur
proie, & comment ils la portoient à la bouche: Je
raflèmblai plus: de cent Polypes dans un grand poudrier,
je leur donnai le tems de fe difperferfur les;
côtés du verre; & dans un moment où là plupart a-
voient le corps & les bras étendus, j’y jettai une grande
quantité de Mille-pieds. Ife fe répandirent d’abord:
en nageant dans tout le verre- Je- les fui vois continuellement
de I’oeuil; j’en vis bientôt plufieurs qui
donnèrent dans les bras de différens Polypes. Dès;
qu’ils les eurent touchés, ils en furent arrêtés, & de-
manière , qu’ils ne faifoient ordinairement que dès efforts
inutiles pour fe mettre en liberté. Les uns n’é-
toient d’abord retenus que par un bras, & les autres:
l’étoient par plufieurs. Les Polypes contraftoient &.
reeourboient enfuite ces bras, & fbuvent ils envelo-
poient encore les Mille-pieds avec d’autres , pour les:
mieux affujettir.. Ils les rapprochaient enfin de leur
bout antérieur, qui commença à s’ouvrir, & par lequel
ces Mille-pieds furent peu à peu introduits dans:
le corps des Polypes- . A p r è s
DES POLYPES. II. Mêtn. h
A près avoir vu ce que je viens: de décrire en général,
je fus fort éclairci fur l’ufage de diverfes parties
des Polypes, qui m’avoit été inconnu jufqu’alors.
J’appris que ces fils déliés qu’ils ont à leur extrémité
antérieure, & à qui j’avois déjà vu faire les fonctions,
de pieds, leur fervoient aufii de bras. Il n’y avoir
plus aucun lieu de douter, que l’ouverture que les.
Polypes avoient à une de leurs extrémités, & des-
bords de laquelle fortoient les bras, ne fut leur bouche,
& que le fac auquel elle communiquoit, & qui.
régne depuis cette bouche, jufquà l’autre extrémité
de leur corps, ne fut l’eftomac. J’avois déjà donné,
le nom de bout antérieur, à celui du corps des Polypes
ou font les bras; pareeque j’avois- remarqué, que
c’étoit ce bout qui avançoit le premier lorsqu’ils mar-
choient ; mais j’eus une nouvelle raifon de l’appeller
ainfi, lorsque je vis que la bouche étoit-là ; & je-
n’héfitai pas même de le. regarder comme la tête des
Polypes.. ' .
A prè s que j’eus découvert les Polypes de la troi-
fiéme efpéce, & que je me fus apperçu de la longueur
extraordinaire de leurs bras, je fus aufii très, curieux
de leur voir arrêter des proies, & de les leur voir porter
à la bouche. Ils s’y prennent, dans le;fond,, de la
même manière que les Polypes de la fécondé efpéce ,
mais la longueur de leurs bras rend leurs manoeuvres
encore plus remarquables. Je m’attacherai pour cette,
raifon à décrire principalement ces manoeuvres des
Polypes à longs bras; & , lorsqu’on les connoitra, il
fera très facile de juger de celles des autres;.
P our voir les.Polypes d e là troiûéme efpéce fai-
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