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qui l’a prife. En un moment le Mille-pieds fe trouve
engagé dans la plupart de ces bras, qui, en fe recourbant
& en continuant à fe contrafter, le portent
bientôt fur la bouche, contre laquelle ils 1 appuient
fallu jettiffent
O n conçoit facilement, que les Mille-pieds rencontrent
plus fouvent, en nageant, d’autres endroits
des bras des Polypes, que leur extrémité. Ces bras
font, d’un bout à l’autre, pour ces Animaux, ce qu’un
gluau eft pour un Oifeau. En quelqu’endroit qu’un
Mille-pieds les touche, il eft arrêté; & plus cet endroit
eft près de l’origine des bras, moins le Polype
a de peine à rapprocher le Mille - pieds de fa bouche.
La proie s’engage alors encore plus promptement
au milieu de tous les bras, en fe débattant; &
ils n’ont befoin, pour la ramener près du bout antérieur
du Polype, que de contra&er & de recourber
cette partie qui eft entre leur origine & l’endroit où
le Mille-pieds eft engagé. Il arrive fouvent, que l’autre
partie des bras qui tiennent le Mille-pieds, c’eft à dire
, celle qui eft entre l’endroit où il eft engagé &
l ’extrémité, fe contracte très peu, & continue à pendre
dans l’eau, tandis que l’autre eft entortillée autour
de la proie qu’elle a faifie & ramenée fur la
bouche.
Ju s q u ’a préfent je me fuis feulement attaché à
repréfenter, comment les bras d’un Polype, qui pendent
vers le fond de l’eau, arrêtent un Mille-pieds,
& le tirent auprès de la bouche. On fait que ces bras
peuvent non feulement fe fituer de cette manière,
mais qu’ils peuvent fe diriger de tous côtés & c’eft
ce
©
ce qu’on voit très fréquemment dans les bras d’un
même Polype #. Lorsqu’un Mille-pieds, & fur -tout * pl. ïi.
un Ver plus grand & plus pefant que celui là, ren- Flg' 3‘
contre un bras dont la direction eft à peu près parallèle
au fond du vafe dans lequel il eft, il entraine fouvent
par fon poids le bras & le corps même du Polype,
& il leur fait prendre une fxtuation perpendiculaire;
& le cas fe trouve alors précifément le même,
que lorfque le Ver rencontre un bras dont la direction
eft perpendiculaire au fond du vafe. D ’autres fois le
Polype ne donne pas à fa proie le tems d’entraîner
en bas le bras qui l’a faiûe : il retire d’abord ce
bras, il engage l’Animal qu’il tient parmi les autres
bras, & le porte à la bouche. Mais c’eft ce qui ne
s’exécute jamais plus vite, que lorsque la proie eft faifie
par un bras qui eft dirigé vers le haut du vafe, &
s’élève au deffus de la tête du Polype. Le poids du
V e r , & le mouvement que lui donne le Polype en retirant
fon bras, le fait tomber plus vite que ce bras
ne peut fe retirer. Au lieu d’être attiré par ce bras,
c’eft le Ver qui l’entraine, comme une pierre jettée en
l’air entraineroit, en retombant, une corde à laquelle
elle feroit attachée. Le Ver fe précipite fur d’autres
bras, ou fur la tête même du Polype, où il,eft d’abord
à portée d’être dévoré.
I l arrive quelquefois, qu’un Polype ne fe fert ab-
folument que d’un ou de deux bras, pour porter fa
proie à la bouche, & pour la tenir affujettie pendant
qu’il l’avale.
L o r s même qu’un Polype n’a point de proie à
manger, on voit fouvent fa bouche ouverte ; mais
M cet