
J’appris en même tems par-là, qu’il n’y avoir que la
fuperficie extérieure de cette peau qui fût rouge. Les
Polypes, qui ont mangé de ces Araignées,ont pris un
beau rouge, tirant fur la couleur de feu. J’ai trouvé
quelquefois dans les foifés des Polypes, qui avoient
la même couleur. Il eft apparent qu’ils s’étoient nourris
nouvellement d’Araignées rouges.
J’a i auffi entrepris de teindre des Polypes de la
troifiéme efpéce en verd. N’aiant découvert aucun
Infecte aquatique qui leur pût donner cette couleur,
j’eus recours à une efpéce de Pucerons verds du Ro-
fier. J’en donnai à quelques Polypes, qui les avalèrent,
& qui, après les avoir digérés, eurent une foible
teinte de verd.
L e s pieds de ces Pucerons les rendent difficiles à
avaler, pour les Polypes. Ils font roides. J’ai eu
foin, la plupart du tems, de couper ces pieds, avant
que de les donner aux Polypes. Cependant, j’en ai
vu quelques-uns, qui ont avalé chacun un Puceron
avec fes pieds. Ils ne purent pas. fè ranger dans l’ef-
tomac, ils obligèrent la peau des Polypes à s’étendre
extrêmement; & , qui plus é f l, il y en eut qui
la percèrent, & qui fe montrèrent en déhors des Polypes.
Trois ou quatre pieds fortoient en différens endroits
de leur corps,& faifoient un effet fort fingulier.
L e s Polypes, qui furent ainû percés, n’en digérèrent
pas moins le corps des Pucerons, & même
obligèrent peu à peu les pieds à rentrer dans leur ef-
tomac. Après quoi, il ne refta aucune trace de la
bleffure que ces pieds avoient faite à leur peau ; & les
Polypes ne parurent s’en reffentir en aucune manière.
A p r è s
A p r è s avoir effaïé de varier la couleur des Polypes,
au mo'ien de celle de différens‘Animaux que je
leur avois donné à manger, je tentai de la varier encore
d’une autre manière. Je ne penfai pas moins,
qu’à leur donner toutes les couleurs ' des Fleurs qui
ornent un Parterre par leur grande variété. Il auroit
fallu, pour que cela fût poffible, que ces Végétables
euffent été des alimens propres pour les Polypes-
Je pris différentes Fleurs , je coupai leurs pétales en
morceaux étroits, & longs de deux ou trois lignes;
& j’en fis tomber fur les bras de plufieurs Polypes.
Les uns ne les arrêtèrent pas, d’autres les arrêtèrent
pour peu de tems; mais le peu d’empreffement qu’ils
avoient pour les porter à leur bouche, me fit bientôt
comprendre que ces Fleurs ne leur plaifoient pas.
Deux Polypes cependant en avalèrent. L ’un , un
morceau de pétale de Pied - d’aloüette bleue, & l’autre
, un morceau de pétale de Giroflier. Mais,
comme j’étois très attentif à obfe'rver s’ils les digé-
reroient, & s’ils fépareroient leurs parties colorées,du
refte, je les leur vis rejetter hors de l’eftomac.
C e l a me fit comprendre, que je devois renoncer
à voir réuffir cette Expérience, & que les Polypes
ne pouvoient pas fe nourrir de Fleurs. Je n’ai pas
effaïé de leur donner d’autres Végétables, excepté du
pain, dont ils ne fe font pas nourris.
J’a i - fait infufer, dans de l’éau, des Fleurs de Souci
jaune, & de Pied - d’aloüette bleue, & j ’ai mis des
Polypes dans cette teinture, pour effaïer s’ils y pour-
roient vivre, & fur-tout fi cette liqueur pàffant dans
leur eflomac, les parties colorées, qu’elle renfermoit,
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