
depuis qu’il s’efl'féparé d’avec fa mere, aucune communication
avec un autre Polype. Ç ’eft même ce
dont j’ai eu lieu d’être perfuadé,peu après avoir commencé
à nourrir des Polypes folitaires. J’en vis plu-
fieurs, dont les petits, encore attachés à leur corps,
prôduifoient eux-mêmes d’autres petits c’eft-à-dire,
pour m’exprimer en d’autres termes, qu’ils avoient,
avant leur réparation, le principe de la fécondité.
L orsq_ue je fus convaincu qu’un Polype n’a-
voit pas befoin, pour multiplier, de vivre avec d’autres
depuis qu’il s’étoit féparé dë fa mere , & que
j’eus vu multiplier ces Animaux, pendant qu ils é-
toient encore unis à ceux qui les prodüifoient, je
penfai quec’étoit, peut-être, pendant cette union,
que fe paifoit ce qui devoit contribuer à leur fécondité.
Je me mis donc à obferver de fuite, & avec
beaucoup d’attention, de jeunes Polypes qui n’étoient
pas encore féparés de leur mere : mais , quelques
foins que je me fois donnés, je n’ai jamais rien pu remarquer,
ni entre les jeunes qui tenoient à une même
mere, ni entre ces jeunes & leur mere, qui me donnât
lieu de former le moindre foupçon. Tous ces
Polypes multiplioienq, fans qu’il m’ait été poffible de
rien remarquer qui ait pu contribuer à leur génération
: ce qui me fit juger, que ce que je tâchois de
découvrir, fuppofé qu’il y eût quelque chofe de pareil
, étoit ou imperceptible , ou au moins très difficile
à voir.
J e fus donc alors réduit à aller encore plus en tâtonnant,
que je ne l’avois fait jufques-là.
C e qui fert à féconder les Plantes, étant fort fecret,
& même imperceptible dans la plupart, il me vint
dans l’efprit, que peut-être les Polypes reffembloient
encore aux Plantes à cet égard. Il étoit bien difficile,
pour ne pas dire impoffible, de pouvoir juger, s’il
y avoit, en effet,une pareille reffemblance entre les
Polypes & les Plantes. Auffi ne regardai-je cette
idée , que comme une conjecture des plus incertaines
, & qui ne meritoit pas beaucoup d’attention.
Cependant, il me parut.convenable de ne pas néglii
ger de faire une Expérience, à laquelle cette conjecture
m’avoit fait penfer.
O n découvre dans les fleurs des Plantes un piftile
& des étamines: & il s’agiffoit de favoir, s’il n’y avoit
point de parties dans les Polypes, qui euffent le même
ufage que celles des fleurs des Plantes.
J e fuppofai donc, que ces parties pouvoient etre
dans la tête & dans les bras des Polypes, & en général,
que peut-être c’étoit-là qu’étoit ce qui contri-
buoit à la fécondation des Polypes, foit à la manière
des Plantes, doit à celle des Animaux , foit enfin
d’une manière parfaitement inconnue. Je me mis d’abord
à chercher, fi les meres & les jeunes ne fe com-
muniquoient point le principe de la fécondité au
moïen de leur tête & de leurs bras. Pour cet effet,je
coupai la tête à huit meres qui avoient des petits,
dont les bras ne paroiffoient pas encore. Je mis chacune
de ces huit meres en folitude dans un verre; & ,
à mefure que leurs bras repouffoient, & que leur tête
fe formoit-,je les coupois de nouveau. Elles n ont
eu, ni bras, ni tête, pendant tout le tems que leurs
petits font reliés attachés à leur corps; & , par confé-
Bb quent