
cette ouverture eft ordinairement fi petite, qu’il eft
néceffaire de fe fervir d’une loupe pour la découvrir :
Au lieu que, dès que les bras ont ramené une proie
fur cette bouche, elle s’ouvre d’abord davantage, &
toûjours à proportion de la groffeur de l’Animal que
le Polype doit faire paffer dans fon corps. Ses lèvres
fe dilatent peu à peu, & s’ajuftent précifément à la figure
de la proie.
T o u s les V er s, que faififfent les Polypes, ne fe
préfentent pas à leur bouche de la même manière.
Elle varie extrêmement, fuivant mille circonftances,
qu’il feroit inutile de fpecifier, & que tous ceux qui
obferveront des Polypes , remarqueront facilement.
Il arrive quelquefois que les Vers fe préfentent par
une de leurs extrémités. Dans ce cas, il n’eft pas né-
ceflàire que le Polype ouvre confiderablement la bouche:
Auffi ne l’ouvre-t-il précifément que pour donner
entrée au bout du Ver Quand il eft engagé
entre les lèvres du P o lyp e , ce dernier les étend en
avant, & peu à peuilfait paffer le V e r dans fon corps.
Il ne paroit pas que les bras contribuent à le faire entrer;
& il eft très vraifemblable, que ce font les lèvres
du Polype qui l’attirent par une efpece de fuc-
tion. Ce qui me le perfuade, e’eft que j’ai fouvent
vu une Mille-pieds, & d’autres Animaux, entre les lèvres
d’un Polypey fans qu’aucun bras les touchât: j’ai
même vu un Polype, auquel j’avois coupé les bras,
avaler un Ver avec autant de facilité que les autres.
La proie certainement ne faifoit pas des efforts pour
entrer dans l’eftomac de fon ennemi. Il eft au contraire
bien naturel de penfer, que tous les mouvemens
mens qu’elle fe donnoit, étoient des marques de fa ré-
fiftance.
S i le Ver que le Polype avale n’eft pas plus long
que fon eftomac, il y refte fouvent étendu; mais, s’il
eft plus long, le bout, qui eft entré le premier , fe recourbe
, & lorfque le Ver eft entièrement avalé, il fe
trouve replié dans l’eftomac . * - f * p l . v i .
Q u a n d c’eft, non un boutdu V e r , mais leroilieu, Flg- 5-
ou quelqu’autre partie de fon corps, qui fe préfente
devant la bouche du Polype, il faifit cette partie avec
fes lèvres, il les étend à droite & à gauche, & les applique
contre le Ver *. Alors fa bouche a la forme * Fig. 4,
d’un bateau pointu par les deux bouts. Après cela
le Polype rapproche un peu les deux pointes de ce
bateau. Ce mouvement, & la fuftion , obligent le
Ver à fe replier, il eft mis en double, & avalé dans
cette fituation *. I * Fig. 6,
A mefure que l’eftomac fe remplit, la peau du Polype
prê te , la capacité de l’eftomac s’augmente, le
corps devient plus court, plus large, plus ramàffé * Fig. j .
& , lorfqu’il eft plein, les bras font ordinairement af-
fez contractés, le Polype eft pendant, & fans mouvement
, il paroit dans une forte d’engourdiffement,
fa figure eft fort éloignée de celle qu’il a lorfqu’il eft
étendu *. A mefure que la digeftion fe fait, & que * p l . v u ,
le Polype fe vuide de ce qui ne peut fervir à le nour- Flg' 6'
rir , fon corps s’étrécit & s’alonge: il reprend peu à
peu fa première forme; & , quand la digeftion eft finie;
il paroit ordinairement dé nouveau étendu, &
fouvent il. fe met bientôt en dilpofition d’arrêter
une proie.
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