L ors q u e je Fus parvenu à réunir des portions de
Polypes, à les greffer en quelque manière, je fis d’a-
borÜ part, fuivant ma coutume, du fuccès de cette
Expérience à Mr. de Reaumur. Ce Fait ne lui étoit
pas nouveau. C’eft ce qu’il a eu la bonté de m’apprendre
par une Lettre,dattée le 14Décembre 1742.
„ Aiant jetté, dit-il, des Polypes, coupés en deux,
„ les uns fur les autres dans un verre extrêmement
„ conique, deux morceaux fe réunirent. C ’efl même
ce qui me donna l’idée de faire plus en grand ce
„ que vous avez exécuté en petit. Je fongeai à réu-
„ nir deux moitiés de deux différentes Orties, cou-
„ pées par un plan perpendiculaire à la bafe. Mr. de
„ Villats, Médecin à la Rochelle,voulut bien fe char-
„ ger de faire ces opérations. Il a été obligé d’avoir
„ recours à la future pour affujettir les deux moitiés-
„ l’une contre l’autre. Quelques - unes de fes Expé-
„ riences lui ont réufïi; mais, il y en-a beaucoup
„ plus qui lui ont manqué. Il les continue attucl-
j, lement ” . ! . .* - bf ar/oivtoq
- Cet Extrait de Lettre de Mr. de Reaumur confirme,
comme on le voit, ce que j’ai dit fur la réunion
des portions de Polypes ; mais il nous apprend encore
que cette Expérience a aufli réufïï fur des Animaux
fort différens.
L a reffemblance, qui fe trouve-à cet égard entre
les Orties de mer, & les Polypes d’eau douce à bras
en forme de cornes, peut encore fervir à nous prouver
que les propriétés fmguliéres que nous avons reinarquées
à ces derniers Animaux, fe trouvent aufli
dans d’autres. C ’eft ce que j’ai déjà fait voir par
raprapport
à la manière de multiplier des Polypes par
reiettons & par bouture ■ J’aurois pu encore dans 3.
la fuite de ces Mémoires / a l occalion de difterens & fuhr.
Faits que leur Hiftoire nous préfente, parler de quelques
autres rapports qu’ils ont avec d’autres Animaux
, mais je n’ai pas voulu trop interrompre le
narré de mes Expériences ; & j’ai préféré de renvoyer
ici, ce qui me paroit néceffaire de dire fur ce
fujet.
L E S Me tte s, dont je viens de donner l’Hiftoire,
doivent le nom de Polype, comme on 1 a vu ci-de£-
fus * , au rapport qu’a leur forme avec celle des Po-
lypes de mer.
I l eft bien naturel dé demander fi ces Animaux
n’ont point entre eux d’autres reffemblances, & fur-
tout , fi les Polypes marins n’ont point les propriétés
finguliéres qui font attuellement connues dans les Polypes
d’eau douce à bras en forme de cornes? Je tacherai
de répondre, autant qu’il me fera poffible, à
ces Queftions, en rapportant une partie de ce qu’on
trouve dans les Auteurs fur les Polypes de mer...
C e s Polypes font de grands Animaux, en compa-
raifon de ceux dont il a été queftion dans ces Mémoires.
F paroit, par ce qu’on en dit, qu’ils ont communément
entre un & trois pieds de longueur. Pline
parle * d’un monftrueux Polype, dont les bras a- *;b^ -Nat’
voient, d it-il, trente pieds de long, & qui étaient cap. 3°-
fi épais, qu’un homme pouvoit à peine les embraffer.
Je crois qu’il eft permis de douter d’un pareil Fait.
P n L e s