
cependant, de celui que j’ai vu fur de pareils morceaux
de bois, & fur de beaucoup plus grands. Je
me fuis diverti à jetter des Vers au milieu de ce
nombre prodigieux de bras, qui rempliffoierit le verre
dans lequel étoit cette multitude de Polypes.
Un feul de ces Vers étoit pris par plufieurs Polypes.
En peu de tems, il fe trouvoit enlacé de mille
manières dans leurs bras.
Q u e l q u e mêlés que fuifent les bras des Polypes
qui faififfoient la même proie, j’ai remarqué qu’ils fe
féparoient enfuite ; & j’ai obfervé, pendant plufieurs
jours, cette multitude de fils déliés, qui fe touchoient
. prefque, fans appercevoir aucune confufion entre
* PL IX eux #. Ils faifoient divers mouvemens, ils s’allon-
geoient, & fe raccourciffoient, fans s’embarraffer les
uns dans les autres.
A pre s avoir bien examine tout ce Qui etoit a
portée de mes y eu x , dans le folié dont il s’agit, je
trouvai que les branches d’Arbres, & les brins de bois
qui étoient dans l’eau, n’étoient nulle part plus garnis
de Polypes, qu’aux endroits qui étoient les plus
près de la fuperficie de l’eau. Il eft très vraisemblable
, que la plupart de ces Animaux avoient été conduits
là , par le penchant qu’ils ont pour la lumière.
C ’eft l’idée qui me vint, lorfque je remarquai le Fait
que je viens de rapporter; & je cherchai d’abord à
le vérifier par quelque Expérience. Je plantai dans
le fond de l’eau plufieurs bâtons par un bout, de manière
que le bout oppofé fe terminoit prefque à fa fuperficie.
Mon but étoit d’obferver fi les Polypes ,
qui étoient en grand nombre fur le fond du folié,
monmonteroient
le long de ces bâtons, & s ils viendroient
fe placer en quantité à leur extrémité la plus expofée
à.la lumière. Mais, quelques jours apres avoir placé
ces bâtons de la forte, le nombre des Polypes diminua
fort fubitement dans le folié, comme je le dirai
bientôt;’ & il me fut par conféquent impoflible de .
voir la fin de l’Expérience que j’avois commencée.
I l étoit bien facile de découvrir la caufe de cette
prodigieufe quantité de. Polypes. Le folié étoit extrêmement
peuplé de Pucerons, qui avoient fourni
aux premiers Polypes, & aux autres à mefure qu ils
nailloient, autant de nourriture qu’il en falloit pour
les faire beaucoup multiplier. .
J e profitai du peu de tems que ce folié fut fi rempli
de Polypes , pour obferver, autant qu’il me fut
polfible, toutes leurs manoeuvres dans leur féjour
ordinaire. J’allois chaque jour me coucher fur une
planche qui avançoit un peu au-delfus de l’eau, je te-
nois mes yeux à peu de diftance de fa fuperficie. Je
voiois les Polypes marcher , étendre leurs bras, &
faifir les Animaux qui les touchoient. Il y avoit un
grand nombre de Polypes, qui étoient fufpendus à la
fuperficie de l’eau, & lorfque le vent l’agitoit, je les
voiois fuivre les vagues * il en palfoit des bandes fous
mes y e u x , qui alloient où le mouvement de l’eau les
conduifoit.
I l y avoit alors peu de Limaçons qui n’eulfent
quelques Polypes fur leur coquille. Ces Polypes n’a-
voient pas befoin de marcher pour palier d un lieu
dans un autre. Les .Limaçons leur fervoient de voiture,
& quoiqu’ils cheminent fort lentement, ils fai-
A a . foient