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doivent abfolument être réunies, pour que les Poly-
• pes puiffent multiplier au point que j’ai décrit ci-def-
fus. Une abondante nourriture devient inutile à ces
Animaux, dès qu’il ne fait pas chaud, parceque,
* Pag. »4 comme je l’ai fait voir dans le Mémoire précédent #,
}e dégré d’appétit des Polypes eft proportionné à celui
de la chaleur de l’eau dans laquelle ils font.
P our fe convaincre, que les Polypes multiplient
à proportion de la quantité d’alimens qu’ils prennent»
il fuffit d’en faire jeûner & manger alternativement
pendant quelque tems. C ’eft une Expérience, qu’on
eft même quelquefois obligé de faire malgré foi.
Les Animaux, propres à nourrir les Polypes, peuvent
devenir rares ; & on peut meme en manquer
tout-à-fait. C ’eft ce que j’ai éprouvé, & fur-tout
dans les commencemens de mes Recherches, lorfque
j e n’étois pas exercé à trouver toutes fortes d’alimens
convenables aux Polypes. Dans ce tems de difette,.
mes Polypes devenoient plus petits, & ceffoient de
multiplier; mais, enfuite, dès que je leur fourniffois
de la nourriture, j’avois le plaiilr de leur voir produire
de nouveaux petits. Je ne m’en fuis pas tenu à
cette Expérience générale. J’ai mis un Polype à part »
pour le faire jeûner, le x8- Juillet 1741. Quatre petits
fortoient alors de Ion corps ; & il en a pouffé encore
un cinquième. Ces cinq jeunes ont été féparés le
26. Juillet. Leur mere a été làns manger jnfqu’au
7me. Août; & , pendant ce tems-là, elle n’a pouffé
aucun petit. D’autres Polypes» au contraire» qui vi-
voient dans l’abondance, en pouffoient tous les jours
de nouveaux. Je lui ai donné des Pucerons le 7” *.
DES PO L Y P E S , lu. Mèm. 179
Août, & le 9me. j’ai vu fortir un jeune; & depuis
elle en a produit pluûeurs. Enfin, je l’ai mife, encore
plufieurs fois alternativement dans l’abondance
& dans la difette; & toûjours avec le même fuccès.
S i l’on ne favoit pas que les jeunes Polypes peuvent
fe nourrir eux-mêmes, des quils ont des bras,
quoiqu’ils foient encore attachés à leur mere, on au-
roit de la peine à comprendre comment, en une
quinzaine de jours, un Polype peut devenir fi grand,
& porter dix-neuf petits bien nourris. Je parle de
celui que j’ai décrit tout à l’heure #. Cette mere Po- * pl. vin.
lype mangeoit chaque jour, environ une dixatne de
Pucerons; & , certainement, le fuc nourricier qu’elle
en tiroit, n’auroit pu fuffire à nourrir tous fes pe»
tits. Mais, ceux de ces petits » qui étoiënt en état
de manger, dévoroient par jour entre eux autour de
vingt Pucerons , dès le dixiéme, ou douzième jour.
Ces alimens fe mêloient avec ceux de la mere» comme
nous l’avons dit ci-deffus*; & le tout, qui en ré- * Pag.
fultoit, fe difperfoit dans tous les jeunes Polypes, au
moïen de la communication qui étoit entre leurs
eftomacs. ,
P armi le grand nombre de Polypes que j ai péchés
dans les foffés dans le tems le plus propre, il ne s’en
eft trouvé aucun qui eût plus de fept petits, attachés
à la fois à fon corps. Je n’en ai même rencontré de
pareils, que très rarement. Cela vient apparemment,
de ce qu’il arrive peu fouvent, que les Infeétes, qui
fervent de nourriture aux Polypes; foient en aullt
grande quantité, dans les endroits où ils vivent, que
dans les poudriers où je tenois les miens. J ai vu»
'7 * Z 3 eefeo?