
fable des Dunes, & coule de ce foffé dans le ruiffeau
dont je viens de parler. Elle eft claire jufqu’au fond,
& extrêmement peuplée d’Infeétes, fans être, cependant,
le moins du monde croupiffante. C ’eft-là où
j ’ai vu un nombre prodigieux de Polypes, comme je
le dirai dans la fuite.
J’ E N ai cherché dans les autres eaux de Sorgvliet,
qui communiquent à celle-là, dans un vivier par lequel
palfe le ruilfeau, & dans le ruiffeau même. J’en
ai trouvé en différens endroits, fur-tout de ceux de
la troifiéme efpéce. J’ai parcouru les bords du ruiffeau
au-deffus de Sorgvliet, & j’ai pêché des Polypes
, même dans des endroits où il n’y avoit que
quelques pouces d’eau. Enfin, j’en ai trouvé dans
de grands foffés, qui font encore plus près de la
Haye que Sorgvliet ; & j’ai tout lieu d’être perfua-
dé, qu’il s’en trouve dans la plupart des canaux 6s
des foffés de la Hollande.
C e u x , que Leeuwenhoek a vus, ont été tirés du
canal qui va de Delft à Delfs-haven. Mr. Allamand,
qui a bien voulu repeter la plupart de mes Expériences,
6c dont je puis alléguer le témoignage, comme
une excellente preuve de la réalité des Faits que j’ai
découverts ; Mr. Allamand, dis-je, en a trouvé en
très grande quantité dans la Province de Frife, 6c
aux environs de Leyde. On en a pêché, au mois de
Juillet 1740, un nombre prodigieux dans les foffés
d’une maifon de campagne, fituée dans la Province
d’Overiffel. Mr. de Reaumur en a trouvé trois différentes
efpéces autour de Paris. Ces Animaux ont
été vus en Angleterre dès l’année 1703 , comme nous
l’apl’apprend
la Lettre anonyme, qui fe trouve dans les
Transactions Philofophiques de cette année-là. Dès le
mois d’Avril de cette année-ci, ( 1743) on en a pêché
à Hackney, près de Londres, 6s enfuite en plufieurs
endroits de l’Angleterre, ' 6c en Ecoffe.
Il y a donc lieu de penfer,qu’il fera facile à la plupart
des Naturaliftes, qui fouhaiteront de vérifier 6s
de perfectionner mes Expériences, de trouver des
Polypes dans les différens païs de l’Europe. Il faut
fur-tout en chercher dans les recoins que forment
les foffés, les mares 6c les étangs, dans ces endroits
où l’on voit que le vent pouffe. 6c raffemble les Plantes
qui flottent fur l’eau. Quoiqu’on en ait cherché
inutilement quelque part, on doit y revenir, 6c peut-
être y en trouvera-t-on en très grande quantité,
huit ou quinze jours après qu’on n’a pu en découvrir
un feul. Je le fais par expérience.
Il y a beaucoup moins de Polypes dans les eaux
pendant l’Hyver, que dans les autres faifons de l’année
; 6c ils font -plus difficiles à trouver. Les Plantes
aquatiques, fur lefquelles ils fe tiennent communément,
ne flottent plus, dans cette faifon, fur la fu-
perficie de l’eau, ou ne s’élèvent du fond qu’en petite
quantité. La plupart font des Plantes annuelles,
qui pourriffent à l’approche de l’Hyver, 6c dont les
reftes vont au fond de. l’eau. C ’eft-là auffi que font
les Polypes, mais dans une forte d’inaélion. Il faut
avoir la patience de tirer de l’eau, 6c d’examiner fou-
vent bien des chofes, avant que d’en découvrir un:
feul. J’en ai trouvé dans tous les mois d’H yver.
Mais dès que la belle faifon approche, dès le mois
d’A