
la matière rouge avoit paffé dans ces bras, & qu’ils en
renfermoient une quantité fort fenfible. Mais, ce fuc
rouge eft compofé de parties trop déliées, pour qu’il
foit facile de les voir paifer de l’eftomac dans les bras,
de manière qu’on puiffe décider , qu’il y eft entré
par un trou de communication, & qu’il eft dans un
canal que forment les bras. Il fe pourroit que ce fuc
eût été filtré, & eût été répandu dans la peau même.
J’ai fait une autre Expérience, qui a entièrement
réfolu mon doute. J’avois donné à un Polype des
morceaux de peau de ces petites Limaces noires &
plattes #, qui fe rencontrent en abondance dans les
foffés. La matière de cette peau fut bientôt réduite,
dans l’eftomac du Polype, en une efpéce de bouillie,
qui étoit principalement compofée de petits fragmens
noirs. Cette bouillie, & ces fragmens étoient balot-
tés dans l’eftomac du Polype. Je les fuivois dans leur
mouvement avec attention , aidé d’une bonne loupe.
Enfin, je m’apperçus que plufieurs de ces petits fragmens
noirs paiïoient à la file dans les bras du Polype
: je les voiois diftinéiement, & dans l’eftomac, &
dans les bras, & je les voiois paiferde l’un dans l’autre.
Je ne les ai pas vus aller plus avant dans le bras, que
de la longueur dé deux ou trois lignes : enfuite, ils
étoient renvoiés du bras dans l ’eftomac, & chaffés de
nouveau vers l’extrémité poftérieure du Polype ; après
quoi, ils étoient encore repoulfés vers fon bout antérieur,
& dans les bras, & ainfi continuellement.
J’ai répété très fouvent cette Expérience. Elle eft,
ce mefemble, une preuve bien claire de cette forte
de mouvement périftaltique qui agit dans les Polypes,
pes, en divers fens, & elle prouve même, qu’il eft
également, & dans le corps, & dans les bras. Il eft
toûjours allez lent, mais fur-tout en hyver.
Il me fenible. que l’Expéîience, que je viens de
rapporter, peut fuffire pour prouver, que les bras
des Polypes forment chacun un tuïau, qui a un trou
de communication avec l’eftomac. Mais je n’oferois
décider fi ce tuïau va jufqu’à l’extrémité du bras, &
s’il eft ouvert à cette extrémité.
L es Expériences précédentes ont été faites avec
les Polypes de la fécondé & de la troifiéme efpéce :
elles font plus faciles avec ceux de la troifiéme, parce
que leur peau eft plus tranfparente que celle des
autres.
J e fuis parvenu à voir très diftinéiement les trous
de communication qui font entre l’eftomac & les bras
des Polypes. Je les ai vus plufieurs fois; mais je ne
m’y attendois nullement la première fois que je les
vis: je faifois une opération, dont il n’eft pas encore
tems de parler.
D e tout ce que je viens de dire, il paroit clairement,
que le fuc nourricier, après avoir été féparé,
fe répand dans tout le tuiau que forme le corps, &
dans ceux que'forme chaque bras des Polypes. Mais,
comment palfe-t-il enfuite dans la peau, qui fert de
parois à ces tuïaux ? Comment fe répand-t-ii dans fes
parties? Et comment contribue-1-il a la nutrition &
à l’accroiffement des Polypes?
Je me garderai bien de promettre de répondre
d’une manière fatisfaifante à ces Queftions. Je vais
Amplement expofer quelques. Obfervations, qui, peutêtre
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m
il
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