I l eft très apparent, que ce que Mr. de Reaumur
dit des caufes de l’adhéfion de l’Oeuil de bouc, convient
aufli à celle des Polypes. Quelque polis que
foient les corps fur lesquels ils s’attachent, le verre
par exemple, ils ont encore allez d’irrégularités, pour
que le Polype puiffe, par la preflion, y engrainer des
parties de fa peau extrêmement petites, & cet effet,
joint avec celui de la matière vifqueufe, peut fervir
à expliquer leur adhéfion, quoique cependant je ne
voudrais pas répondre qu’elle n’eût encore d’autres
eaufes.
I l paroit certain que les Polypes ont de la matière
vifqueufe. Lorfqu’on les met a fec fur la main, &
qu’on les manie, ils ne femblent compofés d’autre
chofe que d’une pareille matière; il femble que l’on
manie un peu de glaire. “ . .
I I eft certain que le corps des Polypes eft chagriné,
& même bien garni de petits grains ; mais je ne voudrais
pas décider que l’ufage de ces grains, ou leur feul
ufage, confiftât à fournir aux Polypes de la matière vifqueufe
ou de l’eau, fuivant qu’ils veulent s’attacher ou
fe détacher, ou lorfqu’ils veulent faiûr ce que leurs
bras rencontrent , ou le lâcher quand ils le tiennent.
J’a i déjà défigné pluûeurs fois les Polypes de la
première efpéce par leur couleur , je les ai appellés
les Polypes verds : Ceux des deux autres efpéces
font ordinairement d’un brun rougeâtre, lorfqu on les
tire des foffés où ils fe font nourris. Les Polypes à
longs bras approchent quelquefois d un rouge couleur
de chair.
I l eft impofiible de défigner d’une manière préci-v
fe
fe la couleur des Polypes de ces deux dernières efpéces
, parcequ’elle varie beaucoup. Tous ceux
que l’on tire à la fois des foffés, font bien éloignés
d’avoir la même nuance de couleur. Il s’en rencontre
qui ont différentes nuances de brun &; de rougeâtre,
& quelquefois même il y en a qui ont une toute
autre couleur. J’ai fait fur ce ftijet des Expériences
très décifives; mais la grande liaifon qu’elles ont
avec ce qui regarde la nourriture des Polypes, m’oblige,
pour ne pas répéter les mêmes Faits, à en ren-
voier l’expôûtion jufqu’à ce que je fois parvenu à.
cet article.
L a nuance de la couleur des Polypes change fuivant
leur degré d’extenüon & de cOntraélion. Elle
devient plus claire à mefure qu’ils s’étendent, & elle
eft beaucoup plus foncée lorfqu’ils font fort contractés.
Cela regardé les trois efpéces de Polypes que
je connois.
L ’ O b s e r v a t io n fuivante fe rapporte auffi à
ces trois efpéces de Polypes. Ils peuvent perdre leur
couleur, & devenir blancs, & puis ils peuvent la reprendre.
Ils perdent & reprennent leur couleur peu
à peu, & c’eft même de là que réfultent, en partie,
ces différentes nuances que l’on découvre dans les
différens individus de la même efpéce, & dans le même
individu en différens tems. Cette différence de
nuance, dont je parle à préfent, eft indépendante
de celle qui réfulte des différens degrés de contraction
& d’extenfion qui fe rencontrent dans les Polypes.
L orsque l’on confidére un Polype à la loupe &
au microfcope, la fuperficie de fon corps paroit cha