je voulois décrire toutes les variétés de figures, qu’ont
produit, dans les Polypes que j’ai nourris pendant
long-tems, les végétations irrégulières auxquelles ces
Animaux font fujets. Ce que j’en ai dit, fuffit pour
faire comprendre, qu’à cet égard les Polypes ont encore
plus de rapport avec les Plantes, qu’avec les
Animaux qui nous font connus.
A P R E S avoir expofé tout ce que j’ai pu décou«
vrir fur la manière dont les Polypes multiplient, &
fait voir qu’elle reffemble beaucoup à ce que nous
connoilfons dans les Plantes à cet égard, il ne fera
peut-être pas inutile d’examiner ici plus en détail, en
quoi confifte cette relfemblance.
L e s Plantes fe multiplient de trois manières differentes.
i°. Par graine. 2°. Par bouture. 3°. Par
rejettons. Elles ne ralfemblent pas toutes ces trois
propriétés.
N o u s n’avons, jufqu’à préfent, rien découvert
dans les Polypes, que l’on püilfe affurer être de la
graine: ainfi, à cet égard, nous ne pouvons marquer
aucun rapport entre eux & les Plantes. Mais, nous en
trouvons au contraire un très grand aux deux autres
égards. Ce que j’ai dit au commencement du premier
• Mémoire #fur la reproduction, quife fait dans les portions
d’un Polype qu’on a coupé en deux, fuffit pour
nous faire comprendre que ces portions de Polype
relfemblent beaucoup aux boutures des Plantes ; &
tout ce que j’ai rapporté dans celui-ci fur la manière
naturelle dont ces Animaux multiplient, nous a fait
.voir que les jeunes Polypes font véritablement des
rejetrejettons
qui fortent des vieux, comme les rejettons
fartent d’une Plante Mais, à la vérité, les rejettons
des Polypes fe féparent d’eux -mêmes, au-lieu que
ceux des Plantes doivent être féparés par.art. C ’eft
au moins ce qu’on eft obligé de pratiquer par rapport
à ceux des Plantes , qu’on fait multiplier par rejet-
tons dans les jardins, & dans les pépinières.
I l y a cependant une Plante fort commune, dont
les rejettons fe féparent d’eux-mêmes. Je veux parler
de la Lentille aquatique. Elle eft compofée d’une
feule feuille, qui flotte ordinairement fur l’eau, & qui
pouffe, du milieu de fa fuperficie inférieure, un ou
plufieurs fils affez déliés,qu’on peut regarder comme
des racines. Pour peu qu’on obferve de fuite cette
Plante pendant l’E té , on verra fortir de fes bords, en
differens endroits , d’autres feuilles , qui poufferont
des racines, lorfqu’elles feront parvenues à une certaine
grandeur. Ces feuilles, ou pour parler autrement,
ces rejettons, ne tiennent que très peu à la
Plante dont ils fortent , quand ils font formés. Alors
ils s’en féparent d’eux - mêmes, & abandonnés fe 1s
au mouvement de l’eau, ils peuvent en peu de tems
fe trouver fort éloignés de la Plante qui les a produits.
I l eft donc confiant que les Polypes, de même que
plufieurs fortes de Plantes, fe multiplient par boutures,
& par rejettons, & qu’il y a par confequent à
ces deux égards beaucoup de rapport entre leur manière
de fe multiplier. Mais, n’y auroit-il point auffi
de rapport entre la manière dont les Plantes & celle
dont les Polypes font fécondés? T ou t ce que nous
çonnoiffons, par rapport à un grand nombre de Plan