
& comme fon diamètre eft plus large que celui du
corps du Polype, il l’oblige à fe renfler à l’endroit où
fe trouve le Puceron. Ce premier Puceron eft fou-
vent fuivi d’un autre, qui le force à entrer plus avant
dans l’eftomac. Un troiûéme pouffe à fon tour le fécond
; & , de cette manière, fuivant la taille du Polype
, on en voit paffer dans fon corps quatre & cinq
à la file, qui fe pouffent les uns les autres. Quand
ils font entrés, le corps du Polype eft à peu près également
épais par-tout ; il a par-tout la largeur des Pucerons.
Ce qui occafionne quelque irrégularité, c’eft
que tous les Pucerons ne paffant pas dans l’eftomac
précifément dans la même fituation, les uns y entrant
fuivant leur largeur, & d’autres fuivant leur longueur,
l’épaiffeur du Polype varie, à proportion de la différence
qu-il y a entre la largeur & la longueur des Pucerons.
D ’ailleurs, les deux extrémités du corps de
* PL. vi. ces petits Animaux fe terminent en pointe #, & fe
Fjg.ii.f.e. £ont remarquer fous la peau des Polypes: elles l’obligent
à fe ranger en pointe par deffus elles, elles la
pouffent en avant. Cela vient de ce que tout l’extérieur
du Puceron étant écailleux, la peau des Polypes,
qui eft partout extrêmement molaffe & flexible, eft
obligée de céder à la dureté des extrémités des Pucerons.
L e Polype, après avoir avalé quatre ou cinq Pucerons
, ne s’arrête pas-là. S’il en a encore entre fes
bras, il continue à en avaler ; & ceux qui font déjà
dans fon corps devant faire de la place aux autres,
ne peuvent plus y refter à la file. Les Pucerons
font preffés de nouveau, & forcent les parois de l’eltotomac
à s’étendre en large : fa capacité augmente, &
deux Pucerons peuvent fouvent être placés, dans fa
largeur, à côté l’un de l’autre * ; mais ils le font * p l . ,vr.
fort irrégulièrement. Si le Polype eft bien affamé, Flg' 8'
& s’il eft d’une bonne taille, il peut avaler facilement
une douzaine de Pucerons; & , lorfqu’ils font tous
dans fon corps, il eft abfolument plein, depuis la bouche
jufqu’à l ’extrémité poftérieure, fi c’en eft un de
la fécondé efpéce * ; & fi c’en eft un de la troifiémef, * Fig. g.
la partie du corps qui fe rétrécit #•& qui forme la \ 9‘
queue, refte ordinairement vuide & rétrécie, mais
quelquefois il arrive que cette queue eft forcée à
s’élargir, & à recevoir quelques Pucerons. Quand
le Polype n’a pas avalé autant de Pucerons qu’il en
peut entrer dans fon eftomac, fon corps eft fouvent
fort mince près de la tête, & forme-là un col très
remarquable *. * Fig. 9.
C omme j’ai eu., pendant plus de deux ans , un 10'
nombre confiderable de Polypes à nourrir, j’ai été
obligé de me fournir avec foin des alimens qui leur
étoient propres. Les Pucerons branchus m’ont été
d’une très grande reffource pendant quelques mois
de l’année: je crois même pouvoir affurer, qu’il n’y
a point d’Infectes qui fourniffent aux Polypes une plus
abondante pâture que ces Pucerons. Jamais on n’en
voit tant que dans les jours, chauds, & pendantlefi.
quels le tems eft calme. Des efpaces confiderables des
foffés en font alors teints d’une couleur rougeâtre. J’en
ai fouvent -vu des bandes, larges d’environ un pied,
& longues de plus de cinquante. Les Pucerons étoient
fi ferrés, qu’on ne voioit abfolument autre chofe. Il
N m’a